Un fragment de notre histoire, qui semble se dérouler aujourd’hui même
De Craig à Prevost à... aujourd’hui, plus ça change, plus c’est pareil
Extraits d’"Histoire Populaire du Québec Tome 2" de J. Lacoursière
Histoire Populaire du Québec, Tome 2 De 1791 à 1841
(page 107)
Après une courte introduction, [le Gouverneur Général James] Craig enchaine à l’intention des membres le la Chambre d’assemblée [lors de l’annonce de la dissolution de la Chambre un an seulement après qu’elle fut formée par processus électoral] :
"Lorsque je je vous adressai au commencement de la session, je n’avais aucune raison de douter de votre modération ou de votre prudence, et je mis une pleine confiance en toutes les deux. J’attendais de vous que, guidés par ces principes, vous feriez un sacrifice généreux de toutes animosités personnelles et de tous mécontentements particuliers : que vous seriez d’une attention vigilante pour les intérêts de votre pays et d’une persévérance inébranlable à remplir vos devoirs publics avec zèle et promptitude. J’attendais de vous des efforts sincères pour affermir l’harmonie générale de la province et une soigneuse retenue sur tout ce qui pourrait avoir tendance à la troubler. J’ai cru que vous observeriez tous les égards qui sont dus, et par cela même indispensables, envers les autres branches de la Législature, et que vous coopéreriez avec promptitude et cordialité dans tout ce qui pourrait contribuer au bonheur et au bien-être de la colonie. [...] Je regrette d’avoir à ajouter que j’ai été trompé dans ces attentes et dans toutes les espérances sur lesquelles je me fondais. [...]
Vous avez consumé dans des débats infructueux,excités par des animosités particulières et personnelles, ou par des contestations frivoles sur des objets futiles de pure formalité, ce temps et ces talents auxquels dans l’enceinte de vos murs le public a un droit exclusif. Cet abus de vos fonctions, vous l’avez préféré aux devoirs élevés et importants auxquels vous êtes obligés envers votre souverain et vos constituants, et par là vous avez nécessairement été dans le cas de négliger des affaires d’importance et d’obligation qui vous étaient soumises, tandis qu’en même temps vous avez en effet empêché l’introduction de telles autres qui ont pu être en contemplation. S’il fallait d’autres preuves de cet abus de votre temps, je viens d’en donner, en ce que je n’ai eu occasion d’exercer la prérogative royale que sur cinq bills seulement, après une session de pareil nombre de semaines, et de ces cinq bills, trois étaient purement des renouvellements d’actes annuels auxquels vous étiez engagés et qui n’exigeaient aucune discussion. [...]
Une violence si peu mesurée a été manifestée dans tous vos procédés, et vous avez montré un défaut si prolongé et si peu respectueux envers les autres branches de la Législature, que, quelles que puissent être la modération et l’indulgence exercées de leur part, on a peu de droit de s’attendre à une bonne intelligence générale, à moins que d’avoir recours à une nouvelle assemblée. [...]
Je donnerai les ordres nécessaires pour convoquer le nouveau Parlement provincial aussitôt que les circonstances le permettront sans inconvénient et n’ayant d’autre objet, comme je me sens assuré que nul autre ne pourra m’être attribué, que de maintenir les vrais principes de l’heureuse et libre constitution de la province et d’employer le pouvoir que Sa Majesté m’a confié vers le seul but pour lequel je l’ai reçu, le bien-être de ses sujets, j’ai une entière confiance dans les électeurs auxquels j’aurai recours, me persuadant que par un choix de représentants convenables de nouveaux inconvénients pourront être prévenus et que les intérêts de la colonie seront mis en considération dans la prochaine session avec moins d’interruption et de plus heureux effets."
Gouverneur Général de l’Amérique du Nord Britannique James Henry Craig - 15 mai 1809 http://fr.wikipedia.org/wiki/James_Henry_Craig
(page 165)
Du pareil au même
Les writs d’élections, c’-est-à-dire les résultats de votes, doivent parvenir à Québec avant le 15 mai 1814. Les élections se déroulent sans accrochages majeurs. Quinze anglophones sont élus, mais la composition de la Chambre varie peu.
"Les membres canadiens élus pour siéger dans la présente Chambre", affirme [le Gouverneur Général George] Prevost le 4 septembre 1814, "sont pour la majeure partie les mêmes personnes qui composaient la dernière Assemblée et il est très probable que ce soient les mêmes encore qui dirigeront. Les chefs sont, pour la plupart, des avocats qui, il me semble, cherchent seulement l’occasion de se distinguer comme champions du public en vue de se créer de la popularité et qui s’efforcent d’acquérir de l’importance aux yeux du gouvernement dans l’intention d’en obtenir un emploi. Quelques-uns ont rempli des charges que je leur ai moi-même confiées, et j’ai raison de croire que tous consentiraient à vendre leurs services s’il était nécessaire de les acheter. Plusieurs des représentants anglais les plus respectables de la dernière Chambre [...] ont refusé de devenir membres de nouveau. [...]"
Gouverneur Général du Canada George Prevost - 4 septembre 1814 http://fr.wikipedia.org/wiki/George...
Que diraient ces hommes du gouvernement Charest aujourd’hui ?
Probablement la même chose, à quelques mots près.
Adam Richard
(page 107)
Après une courte introduction, [le Gouverneur Général James] Craig enchaine à l’intention des membres le la Chambre d’assemblée [lors de l’annonce de la dissolution de la Chambre un an seulement après qu’elle fut formée par processus électoral] :
"Lorsque je je vous adressai au commencement de la session, je n’avais aucune raison de douter de votre modération ou de votre prudence, et je mis une pleine confiance en toutes les deux. J’attendais de vous que, guidés par ces principes, vous feriez un sacrifice généreux de toutes animosités personnelles et de tous mécontentements particuliers : que vous seriez d’une attention vigilante pour les intérêts de votre pays et d’une persévérance inébranlable à remplir vos devoirs publics avec zèle et promptitude. J’attendais de vous des efforts sincères pour affermir l’harmonie générale de la province et une soigneuse retenue sur tout ce qui pourrait avoir tendance à la troubler. J’ai cru que vous observeriez tous les égards qui sont dus, et par cela même indispensables, envers les autres branches de la Législature, et que vous coopéreriez avec promptitude et cordialité dans tout ce qui pourrait contribuer au bonheur et au bien-être de la colonie. [...] Je regrette d’avoir à ajouter que j’ai été trompé dans ces attentes et dans toutes les espérances sur lesquelles je me fondais. [...]
Vous avez consumé dans des débats infructueux,excités par des animosités particulières et personnelles, ou par des contestations frivoles sur des objets futiles de pure formalité, ce temps et ces talents auxquels dans l’enceinte de vos murs le public a un droit exclusif. Cet abus de vos fonctions, vous l’avez préféré aux devoirs élevés et importants auxquels vous êtes obligés envers votre souverain et vos constituants, et par là vous avez nécessairement été dans le cas de négliger des affaires d’importance et d’obligation qui vous étaient soumises, tandis qu’en même temps vous avez en effet empêché l’introduction de telles autres qui ont pu être en contemplation. S’il fallait d’autres preuves de cet abus de votre temps, je viens d’en donner, en ce que je n’ai eu occasion d’exercer la prérogative royale que sur cinq bills seulement, après une session de pareil nombre de semaines, et de ces cinq bills, trois étaient purement des renouvellements d’actes annuels auxquels vous étiez engagés et qui n’exigeaient aucune discussion. [...]
Une violence si peu mesurée a été manifestée dans tous vos procédés, et vous avez montré un défaut si prolongé et si peu respectueux envers les autres branches de la Législature, que, quelles que puissent être la modération et l’indulgence exercées de leur part, on a peu de droit de s’attendre à une bonne intelligence générale, à moins que d’avoir recours à une nouvelle assemblée. [...]
Je donnerai les ordres nécessaires pour convoquer le nouveau Parlement provincial aussitôt que les circonstances le permettront sans inconvénient et n’ayant d’autre objet, comme je me sens assuré que nul autre ne pourra m’être attribué, que de maintenir les vrais principes de l’heureuse et libre constitution de la province et d’employer le pouvoir que Sa Majesté m’a confié vers le seul but pour lequel je l’ai reçu, le bien-être de ses sujets, j’ai une entière confiance dans les électeurs auxquels j’aurai recours, me persuadant que par un choix de représentants convenables de nouveaux inconvénients pourront être prévenus et que les intérêts de la colonie seront mis en considération dans la prochaine session avec moins d’interruption et de plus heureux effets."
Gouverneur Général de l’Amérique du Nord Britannique James Henry Craig - 15 mai 1809 http://fr.wikipedia.org/wiki/James_Henry_Craig
(page 165)
Du pareil au même
Les writs d’élections, c’-est-à-dire les résultats de votes, doivent parvenir à Québec avant le 15 mai 1814. Les élections se déroulent sans accrochages majeurs. Quinze anglophones sont élus, mais la composition de la Chambre varie peu.
"Les membres canadiens élus pour siéger dans la présente Chambre", affirme [le Gouverneur Général George] Prevost le 4 septembre 1814, "sont pour la majeure partie les mêmes personnes qui composaient la dernière Assemblée et il est très probable que ce soient les mêmes encore qui dirigeront. Les chefs sont, pour la plupart, des avocats qui, il me semble, cherchent seulement l’occasion de se distinguer comme champions du public en vue de se créer de la popularité et qui s’efforcent d’acquérir de l’importance aux yeux du gouvernement dans l’intention d’en obtenir un emploi. Quelques-uns ont rempli des charges que je leur ai moi-même confiées, et j’ai raison de croire que tous consentiraient à vendre leurs services s’il était nécessaire de les acheter. Plusieurs des représentants anglais les plus respectables de la dernière Chambre [...] ont refusé de devenir membres de nouveau. [...]"
Gouverneur Général du Canada George Prevost - 4 septembre 1814 http://fr.wikipedia.org/wiki/George...
Que diraient ces hommes du gouvernement Charest aujourd’hui ?
Probablement la même chose, à quelques mots près.
Adam Richard
Monsieur Adam, je ne doute point de vos bonnes intentions, mais j’estime que vous vous fourvoyez cavalièrement,lorsque vous tentez ainsi dans votre article de faire une analogie entre le gouvernement Charest qui sévit actuellement dans notre Assemblée nationale et les gouvernements majoritaires canadiens qui siégeaient à l’Assembée législative du Bas-Canada à l’époque des gouverneurs généraux Craig et Prévost.
Lorsque Craig et Prévost s’en prennent de la sorte aux dits parlementaires du gouvernement, ce n’est pas à leurs travaux, assiduité ou honnêteté qu’ils s’en prennent mais plutôt au fait que ces derniers se braquent de plus en plus face à l’autorité britannique, que ces gouverneurs représentent, qui fait peu de cas de la volonté populaire telle que représentée par les bons offices de ces par- alementaires qui sont tannés de voir leurs décisions et actions parlementaires être contrecarrées par l’autorité coloniale et ses instances.
Il faut se rappeler qu’à l’époque des dits gouverneurs généraux, le pouvoir politique, en vertu de l’Acte constitutionnel de 1791, s’exerce, au Bas-Canada, à travers ce qui suit : 1) Une Chambre basse, appelée Assemblée législative, dont les membres sont élus, savoir 50 élus. 2)Un Conseil législatif, dont les membres , au minimum de 17, sont nommés par le Gouverneur général et lesquels ont le pouvoir de contrer les lois votés par l’Assemblée législative. 3)Un Conseil exécutif(depuis 1792), dont les membres sont aussi nommés par le gouverneur général et dont le mandat est de le conseiller et de l’assister. À cela , il faut ajouter le pouvoir du gouverneur général de désavouer toute loi de l’assemblée législative :’’ Dans un tel contexte,le gouverneur général disposait d’un droit absolu, pouvant opposer sans restriction un droit de veto aux lois adoptées par l’Assemblée législative. Quant aux Conseils législatif et exécutif, ils pouvaient disposer de budgets et contrôler les dépenses du gouvernement sans rendre de compte aux élus. De ce fait, le rôle de ces Conseils consiatait à rendre les lois adoptées par l’Assemblée législative compatibles avec les intérêts britanniques et en général avec ceux des marchands anglais, notamment au Bas-Canada.’’ (Dernière citation tirée du site de L’aménagement linguistique au Canada, dans ’’Histoire linguistique au Canada’’, chapitre ’’Les débuts difficiles de la dualité linguistique’’, sous-chapitre ’’L’Acte constitutionnel de 1791’’) :
http://www.salic-slmc.ca
C’est contre un tel contexte de dépendance et de revision sinon de soumission que les parlementaires de la majorité canadienne ont essayé de se déprendre depuis 1791-92. Quand les gouverneurs Craig et Prévost ont fait les remarques, que vous rapportez, c’est alors que la lutte de ces parlementaires a atteint son paroxysme, alors que Pierre Bédard et ses compagnons ont créé en 1806 le journal ’’Le Canadien’’ pour répondre aux attaques du journal anglais ’’Le Mercury’’ et pour soutenir leurs actions auprès du peuple, ne ménageant pas les autorités britanniques et leurs complices anglophones de Montréal et de Québec.
Et oui que diraient donc ces gouverneurs généraux Craig et Prévost du gouvernement Charest actuel ? Rien de mal, croyez-moi. Au contraire rien que du bien. C’est comme cela qu’ils s auraient aimé les canadiens de l’époque, savoir soumis et mangeant dans leurs mains comme des petits oiseaux qu’on fait venir près de soi en les attirant avec des graines. Croyez-moi, ils n’auraient eu que des éloges pour ce gouvernement plus dévoué à la minorité anglaise du Québec qu’à sa majorité francophone et d’ailleurs élu principalement grâce au vote presque monolithique de la dite minorité.
En terminant, autre petite précision sur ce gouverneur Craig : Insatisfait en 1808 que les canadiens aient reporté au pouvoir presque l’ensemble des députés de la majorité canadienne qui avaient braqué l’autorité britannique dans le précédent gouvernement, le 15 mai 1809, il utilise son pouvoir de décider de nouvelles élections en prorogeant la session et en décrète de nouvelles, et c’est justement à cette occasion que sont prononcés ces propos qui sont rapportés à la page 107 du volume 2 de L’histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière. Ces nouvelles élections qui ont lieu le 23 novembre 2009 donne un résultat semblable aux précédentes, rapportant aux pouvoirs presque tous les mêmes députés canadiens qui braquaient l’autorité britannique. Craig ne le prend toujours pas et le 26 février 1810, il proroge à nouveau la session et décrète encore une fois de nouvelles élections qui auront lieu au cours de l’année 1810, la votation se faisant sur plusieurs jours. Pour tenter d’influencer le vote, Craig émet une proclamation dont il convaint moseigneur Plessis d’ordonner à ses curés de faire lecture à ses paroissiens. Ne négligeant rien, il fera également fermer le journal ’’Le Canadien , saisir ses équipements et emprisonner ses dirigeants sous prétexte de sédition et fera en sorte au surplus que quelques députés soient emprisonnés pour trahison. Peine perdue ! Puisque 42 députés canadiens seront élus, dont 32 du parlement précédent et dont tous les députés qui avaient été arrêtés ; seulement 9 députés anglophones seront élus.
En ce qui me concerne, la majorité des députés canadiens qu’ont rabroués les gouverneurs Craig et Prévost sont des patriotes et des héros , précurseurs des patriotres de 1837-1838, qui ont continué leur combat : Aucunement comparables, d’aucune façon à ceux du gouvernement Charest !
Gaston Boivin
M. Boivin,
Tout d’abord, je vous remercie de vos précisions historiques. Sachez bien que j’étais conscient de l’aspect controversé derrière cet article. J’ai d’ailleurs omis la dernière phrase de Prevost telle que citée dans le livre de M. Lacoursière justement parce que peu à propos avec mon propre propos.
J’avoue d’ailleurs humblement avoir lu ces passages il y a environ une dizaine d’années, époque où je me suis embourbé dans la lecture de ce livre tellement notre "Histoire" y est moins passionnante dans ce Tome comparé au premier, que j’avais dévoré assez rapidement. Il faudrait d’ailleurs que je m’y remette, afin de me rendre jusqu’à la fin du Tome 4. Ceci pour dire que jamais je n’aurais su commenté aussi bien que vous les détails politiques entourant cette période précise, dont j’étais bien conscient au moment de publier qu’elle précédait d’une trentaine d’années la rébellion de 1837-1838.
Cependant, ce qui était toujours frais à ma mémoire encore aujourd’hui, c’était à quel point j’avais trouvé que les propos presque mot-à-mot de Craig, une fois tirés hors de leur contexte, pouvaient s’appliquer à notre politique d’alors sous gouvernement péquiste, et encore de nos jours sous gouvernement libéral ; au point tel qu’il nous en vient presque à désirer le retour d’un système politique tel qu’il était conçu à l’époque coloniale, avec un Gouverneur Général capable de foutre les incompétents à la porte même s’ils n’en sont seulement qu’à une année de mandat. Avouez qu’avec Charest, c’est presque tentant. Je suis tombé "par hasard" sur les mots de Prevost alors que je cherchais le texte de Craig, que j’avais marqué la page à l’époque. J’ai trouvé que Prevost complémentait bien Craig dans ma démarche.
Ce que je trouve particulièrement ironique de souligner ici, et c’est surtout là le but de cette démarche, c’est que ces mots qui sonnent si justes à la lumière des gouvernements actuels nous proviennent justement de la bouche même de notre adversaire colonial.
Et c’est là un luxe que je trouve qu’il serait bête de se priver.
Bien à vous,
Adam Richard
Lorsque Craig et Prévost s’en prennent de la sorte aux dits parlementaires du gouvernement, ce n’est pas à leurs travaux, assiduité ou honnêteté qu’ils s’en prennent mais plutôt au fait que ces derniers se braquent de plus en plus face à l’autorité britannique, que ces gouverneurs représentent, qui fait peu de cas de la volonté populaire telle que représentée par les bons offices de ces par- alementaires qui sont tannés de voir leurs décisions et actions parlementaires être contrecarrées par l’autorité coloniale et ses instances.
Il faut se rappeler qu’à l’époque des dits gouverneurs généraux, le pouvoir politique, en vertu de l’Acte constitutionnel de 1791, s’exerce, au Bas-Canada, à travers ce qui suit : 1) Une Chambre basse, appelée Assemblée législative, dont les membres sont élus, savoir 50 élus. 2)Un Conseil législatif, dont les membres , au minimum de 17, sont nommés par le Gouverneur général et lesquels ont le pouvoir de contrer les lois votés par l’Assemblée législative. 3)Un Conseil exécutif(depuis 1792), dont les membres sont aussi nommés par le gouverneur général et dont le mandat est de le conseiller et de l’assister. À cela , il faut ajouter le pouvoir du gouverneur général de désavouer toute loi de l’assemblée législative :’’ Dans un tel contexte,le gouverneur général disposait d’un droit absolu, pouvant opposer sans restriction un droit de veto aux lois adoptées par l’Assemblée législative. Quant aux Conseils législatif et exécutif, ils pouvaient disposer de budgets et contrôler les dépenses du gouvernement sans rendre de compte aux élus. De ce fait, le rôle de ces Conseils consiatait à rendre les lois adoptées par l’Assemblée législative compatibles avec les intérêts britanniques et en général avec ceux des marchands anglais, notamment au Bas-Canada.’’ (Dernière citation tirée du site de L’aménagement linguistique au Canada, dans ’’Histoire linguistique au Canada’’, chapitre ’’Les débuts difficiles de la dualité linguistique’’, sous-chapitre ’’L’Acte constitutionnel de 1791’’) :
http://www.salic-slmc.ca
C’est contre un tel contexte de dépendance et de revision sinon de soumission que les parlementaires de la majorité canadienne ont essayé de se déprendre depuis 1791-92. Quand les gouverneurs Craig et Prévost ont fait les remarques, que vous rapportez, c’est alors que la lutte de ces parlementaires a atteint son paroxysme, alors que Pierre Bédard et ses compagnons ont créé en 1806 le journal ’’Le Canadien’’ pour répondre aux attaques du journal anglais ’’Le Mercury’’ et pour soutenir leurs actions auprès du peuple, ne ménageant pas les autorités britanniques et leurs complices anglophones de Montréal et de Québec.
Et oui que diraient donc ces gouverneurs généraux Craig et Prévost du gouvernement Charest actuel ? Rien de mal, croyez-moi. Au contraire rien que du bien. C’est comme cela qu’ils s auraient aimé les canadiens de l’époque, savoir soumis et mangeant dans leurs mains comme des petits oiseaux qu’on fait venir près de soi en les attirant avec des graines. Croyez-moi, ils n’auraient eu que des éloges pour ce gouvernement plus dévoué à la minorité anglaise du Québec qu’à sa majorité francophone et d’ailleurs élu principalement grâce au vote presque monolithique de la dite minorité.
En terminant, autre petite précision sur ce gouverneur Craig : Insatisfait en 1808 que les canadiens aient reporté au pouvoir presque l’ensemble des députés de la majorité canadienne qui avaient braqué l’autorité britannique dans le précédent gouvernement, le 15 mai 1809, il utilise son pouvoir de décider de nouvelles élections en prorogeant la session et en décrète de nouvelles, et c’est justement à cette occasion que sont prononcés ces propos qui sont rapportés à la page 107 du volume 2 de L’histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière. Ces nouvelles élections qui ont lieu le 23 novembre 2009 donne un résultat semblable aux précédentes, rapportant aux pouvoirs presque tous les mêmes députés canadiens qui braquaient l’autorité britannique. Craig ne le prend toujours pas et le 26 février 1810, il proroge à nouveau la session et décrète encore une fois de nouvelles élections qui auront lieu au cours de l’année 1810, la votation se faisant sur plusieurs jours. Pour tenter d’influencer le vote, Craig émet une proclamation dont il convaint moseigneur Plessis d’ordonner à ses curés de faire lecture à ses paroissiens. Ne négligeant rien, il fera également fermer le journal ’’Le Canadien , saisir ses équipements et emprisonner ses dirigeants sous prétexte de sédition et fera en sorte au surplus que quelques députés soient emprisonnés pour trahison. Peine perdue ! Puisque 42 députés canadiens seront élus, dont 32 du parlement précédent et dont tous les députés qui avaient été arrêtés ; seulement 9 députés anglophones seront élus.
En ce qui me concerne, la majorité des députés canadiens qu’ont rabroués les gouverneurs Craig et Prévost sont des patriotes et des héros , précurseurs des patriotres de 1837-1838, qui ont continué leur combat : Aucunement comparables, d’aucune façon à ceux du gouvernement Charest !
Gaston Boivin
M. Boivin,
Tout d’abord, je vous remercie de vos précisions historiques. Sachez bien que j’étais conscient de l’aspect controversé derrière cet article. J’ai d’ailleurs omis la dernière phrase de Prevost telle que citée dans le livre de M. Lacoursière justement parce que peu à propos avec mon propre propos.
J’avoue d’ailleurs humblement avoir lu ces passages il y a environ une dizaine d’années, époque où je me suis embourbé dans la lecture de ce livre tellement notre "Histoire" y est moins passionnante dans ce Tome comparé au premier, que j’avais dévoré assez rapidement. Il faudrait d’ailleurs que je m’y remette, afin de me rendre jusqu’à la fin du Tome 4. Ceci pour dire que jamais je n’aurais su commenté aussi bien que vous les détails politiques entourant cette période précise, dont j’étais bien conscient au moment de publier qu’elle précédait d’une trentaine d’années la rébellion de 1837-1838.
Cependant, ce qui était toujours frais à ma mémoire encore aujourd’hui, c’était à quel point j’avais trouvé que les propos presque mot-à-mot de Craig, une fois tirés hors de leur contexte, pouvaient s’appliquer à notre politique d’alors sous gouvernement péquiste, et encore de nos jours sous gouvernement libéral ; au point tel qu’il nous en vient presque à désirer le retour d’un système politique tel qu’il était conçu à l’époque coloniale, avec un Gouverneur Général capable de foutre les incompétents à la porte même s’ils n’en sont seulement qu’à une année de mandat. Avouez qu’avec Charest, c’est presque tentant. Je suis tombé "par hasard" sur les mots de Prevost alors que je cherchais le texte de Craig, que j’avais marqué la page à l’époque. J’ai trouvé que Prevost complémentait bien Craig dans ma démarche.
Ce que je trouve particulièrement ironique de souligner ici, et c’est surtout là le but de cette démarche, c’est que ces mots qui sonnent si justes à la lumière des gouvernements actuels nous proviennent justement de la bouche même de notre adversaire colonial.
Et c’est là un luxe que je trouve qu’il serait bête de se priver.
Bien à vous,
Adam Richard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire