jeudi 28 février 2013

Portrait(s) d'une éventuelle monnaie souveraine québécoise

Portrait(s) d'une éventuelle monnaie souveraine québécoise

Présentation d'une représentation graphique de la "Piastre Québécoise"



Ceux qui ont suivi mes écrits au sein du mouvement Démocratie 2.0 - Québec auront sûrement remarqué qu'au-delà de la seule question du système politique, la question du système monétaire occupe également une grande place au sein de mes réflexions , question indissociable de tout projet de souveraineté politique puisqu'il s'agit de l'outil principal autour duquel s'articule toutes les autres formes d'expression du pouvoir politique.  J'inviterais le lecteur qui n'est pas familier avec les questions de politiques monétaires à regarder les excellents documentaires "Oh Canada! Terre de nos vendus (VOSTF)" de Dan Matthews et "L'argent-dette" de Paul-Henri Grignon, qui font un excellent travail de vulgarisation et de simplification sur ce sujet plutôt obscur pour le commun des mortels.

Histoire de replacer le contexte de ce présent article, je prendrai ici la liberté de copier-coller un extrait d'un de mes articles précédents (Discussions autour du thème de la monnaie) qui est en réalité une collection de commentaires sur le thème de la monnaie en réaction à un article de Richard LeHir sur Vigile.net.

"Le site kebek2point0.org que j’ai lancé dans le cadre du projet de Démocratie 2.0, en plus des composantes d’organisation de la vie démocratique qu’il contient, porte en son sein les mécanismes internes d’une banque centrale : établissement d’une monnaie propre et souveraine, émission de monnaie sur des comptes scripturaux, capacité de transfert de fonds d’un compte à l’autre entre les différents clients de la banque, dépôt et conversion de devises étrangères (dont le dollar canadien), établissement du taux de change, accumulation de devises étrangères pour fins de commerce extérieur, et ce par la voie de services en-ligne. Cet ensemble fournit des outils d’organisation et de services bancaires et financiers propres à mettre en place de manière informelle une nouvelle monnaie québécoise d’une manière similaire à la situation qui prévalait dans le domaine des affaires et et le monde inter-bancaire dans les mois précédant le 1er janvier 2002 (en référence à la date de passage officielle des monnaies nationales européennes à la monnaie unique Euro).

Pour en arriver à la concrétisation dans le réel d’une telle monnaie québécoise, que manque-t-il ? Très peu de choses au fond... Les planches graphiques de chaque dénomination de billet, un imprimeur officiel, idem pour les pièces de monnaie, et finalement un réseau de distribution sur le terrain couvrant l’ensemble du territoire. Ne manque plus qu’un seul ingrédient, la confiance, qui découle directement du taux d’acceptation et d’utilisation de cette monnaie au sein de la population."


Le but de cet article est donc de combler le prochain "vide" identifié dans le passage précédent en présentant un exemple concret de ce à quoi pourrait ressembler une éventuelle monnaie souveraine québécoise, amenant ainsi le projet d'un Québec souverain dirigé par et pour le Peuple un pas de plus vers son éventuelle réalisation concrète, à tout le moins dans la conscience collective à ce stade-ci du projet.

Avant d'aller plus loin dans la présentation de ces planches de billets, je tiens à souligner au lecteur certaines des difficultés liées à un tel projet concernant les choix iconographiques qui ont été effectués dans ce projet qui se veut d'abord et avant tout être un exemple de ce que pourrait éventuellement être une monnaie souveraine québécoise, et non une version qui se veut "définitive" en soi.  La première de ces difficultés réside dans le fait que les positions disponibles pour le choix des personnages figurés sur ces billets sont limitées (10 place au total, et ce malgré l'addition de 2 nouvelles dénomination de billets), ce qui implique donc que des personnages historiques qui mériteraient probablement de figurer sur ces billets ont malheureusement dûs être laissés de côtés, ce qui ne manquera sûrement pas de faire des mécontents.  Il faut comprendre qu'il est pratiquement impossible de satisfaire aux exigences de tout le monde avec une si mince marge de manoeuvre, particulièrement lorsque l'on désire également transmettre une sorte de "trame éditoriale" au sein de la symbolique transmise à travers les personnages choisis.

Ainsi, je suis moi-même légèrement inconfortable avec la présence de certains symboles religieux sur certains billets de par ma propre nature athée et des aspirations légitimes de laïcité des choses associées à l'État avec lesquelles je suis favorable.  Cependant, au-delà de mes convictions personnelles, j'ai surtout voulu développer à travers ces billets une progression historique de nos origines et de notre développement en tant que nation et en tant que peuple, et que l'on aime la chose religieuse ou non, la réalité demeure que le phénomène religieux à occupé une place prépondérante dans notre société au cours de notre histoire et ce jusqu'à tout récemment, et qu'il est très difficile de tracer un parcours historique iconographique de notre société en ignorant complètement l'implication des communautés religieuses au sein du développement de cette même société.  De même, déjà du fait de la faible représentation des femmes ayant marqué l'histoire du Québec sur ces billets et du nombre de places restreint, je me voulais d'en avoir au moins une au sein de ces figures sélectes, je n'étais pas pour disqualifier la candidate choisie pour la seule raison qu'elle appartenait à une organisation religieuse, et ce peu importe mes propres convictions personnelles concernant la religion.  C'est l'impact et la contribution à la société québécoise de la personne honorée sur le billet qui prime, et non les organisations auxquelles cette personne a appartenu.

De même, pour avoir présenté ces planches récemment à un autochtone, celui-ci me fit remarquer la faible présence des Premières Nations au sein de ces billets, et ce malgré tous mes efforts de non seulement les y inclure, mais également de le faire à travers une iconographie qui est respectueuse envers les peuples des Premières Nations.  Je n'eus d'autre choix que de lui donner raison jusqu'à un certain degré, mais cela m'a permis également de lui exposer ma conception des choses concernant les Premières Nations en relation avec le projet de Démocratie 2.0, chose que je n'ai que trop rarement eu la chance d'exprimer à travers mes écrits mais que j'aimerais prendre la chance ici d'exposer très brièvement.  Comme me le faisait remarquer mon interlocuteur, les territoires du nord du Québec sont des territoires autochtones non-cédés et non-conquis, et ils apprécieraient grandement que ces choses soient prises en compte lorsque vient le temps de planifier des projets de développement économique du Grand-Nord québécois.  En ce sens, je partage leur point de vue et je considère impératif que les Québécois et les Premières Nations unissent leurs efforts dans leurs projets d'émancipation collective du système canadien sur une base de coopération et de collaboration afin d'éviter justement à ce que le projet d'émancipation des Québécois ne soit pas perçu par les Premières Nations comme une menace similaire et équivalente à ce à quoi ils tentent présentement de s'émanciper, c'est-à-dire la nation canadienne.  Donc, dans l'optique d'un projet d'émancipation collectif basé sur une réforme en profondeur de la démocratie en redonnant le pouvoir directement à la population, la Démocratie 2.0, je suis d'opinion que ce que ce je considère comme étant bon pour "nous" (les québécois, de souche et immigrants inclus) l'est également pour "eux" (les Premières Nations); et qu'en ce sens, advenant l'implantation d'un tel système démocratique au sein de nos deux sociétés, incluant l'émission de part et d'autre d'une monnaie souveraine sous contrôle populaire, chacun avec son iconographie propre, il est très facilement concevable qu'une convention peut être établie entre ces deux peuples partageant le même territoire que les deux monnaies sont de valeurs égales et sont donc interchangeables sur les territoires concernés.  Je n'avais même pas terminé d'exposer mon idée que mon interlocuteur l'a terminait pour moi, montrant visiblement un enthousiasme qui démontre tout le potentiel d'une telle solution comme voie de réparation des erreurs coloniales du passé et du rétablissement non seulement du respect mutuel entre les divers peuples habitant sur le territoire du Québec, mais également le rétablissement de l'Alliance historique entre les Premières Nations et les descendants de la colonie de la Nouvelle-France.

La symbolique que préconise les éléments représentatifs inscrits


L'un des aspects que je n'ai pas encore abordé dans mes écrits concernant la monnaie concerne ce que l'on pourrait appeler "la symbolique que préconise les éléments représentatifs inscrits" (selon la formule employée par M. Pierre Côté lors d'un récent échange sur Facebook), expression que l'on pourrait vulgariser par "les milliers de mots qui se cachent derrière l'image", selon le principe qui veut qu'"une image vaut mille mots".  Autrement dit, une devise monétaire n'a pas pour seul usage le simple échange de biens et services entre individus, mais sert également de moyen de transmission de divers messages normalement identitaires et qui remplit une fonction de cohésion nationale d'où émane, normalement toujours, un sentiment de fierté et d'appartenance au sein de la population qui l'utilise, et qui contribue donc à en solidifier sa "valeur".  J'ai utilisé le mot "normalement" à 2 reprises dans ma dernière phrase, justement parce que ces principes de transmission de messages symboliques unificateurs et générateurs de fierté nationale ont été négligés, voire même biffés, sur les billets d'Euros lorsqu'ils ont été introduits sur le marché, chose qui n'a pas manqué d'être soulignée dans de nombreux articles de journaux à l'époque de la transition à la monnaie unique européenne.  En lieu et places des divers symboles d'identification nationale se trouvait maintenant des structures architecturales anonymes de style romain, une carte de l'Europe sans frontières et l'effigie d'un drapeau européen auquel personne au sein de la population ne s'identifie.  Cette faiblesse de la représentation symbolique de ces nouveaux billets de banque était déjà identifié comme un facteur important du futur échec annoncé de cette aventure monétaire qu'est l'Euro, bien qu'il ne faille pas non plus négliger les facteurs plus structuraux (le principe de l'argent-dette).  Il y a des leçons à tirer de l'expérience de la monnaie européenne, et j'ai tenté de les mettre en application dans l'élaboration de ces billets.

Ceci étant dit, procédons donc à la présentation de ces billets et de leur iconographie spécifique.

Symboles et inscriptions présents sur tous les billets

- Dénomination de la valeur du billet sous forme de chiffre et en lettres, exprimés en "Piastres" (communément prononcé "piasses");

- Mention de l'État émetteur, ici la "République du Kébek" en opposition à la "Province de Québec".  Remarquez que l'orthographe "Kébek" n'est pas nécessairement un changement que je tiens mordicus à implanter, mais à ce stade-ci je m'en sers afin de créer une réelle distinction entre l'éventuelle nouvelle République et la Province qui, elle, demeure et demeurera attaché à l'ensemble canadien quoiqu'on en dise;

- La mention "Ce billet de la Banque Centrale Populaire a cours légitime sur le territoire de la République", qui a pour but de rappeler les origines et la propriété fondamentale de cet instrument monétaire, en opposition au simple "cours légal" du dollar canadien actuel ("légitime" = de jure vs. "légal" = de facto);

- Signatures (fictives dans ce cas-ci) des titulaires des éventuels postes de Gouverneur (de la Banque Centrale Populaire) et du Ministre des Finances (de la République);

- Mention "Hors-Série" en lieu et place où serait normalement inscrit le numéro de série;

- Sur les coins supérieurs-droits et inférieurs-gauches (recto-verso) se trouvent les symboles Pique-Coeur-Carreau-Trèfle normalement associés aux cartes à jouer, en référence historique au système de monnaie de cartes en vigueur en Nouvelle-France entre 1685 et 1717 sous l'impulsion de l'intendant Jacques de Meulles afin de pallier à un problème de manque de devises au sein de la colonie;

- Drapeau "monolys sur fond bleu" associé entre autre au Nouveau Mouvement pour le Québec, qui symbolise selon son créateur un Québec uni par une fleur de lys (plutôt que divisé par une croix) qui représente notre héritage français et débarrassé de son symbole religieux qui n'est plus nécessairement représentatif de la société actuelle (absence de la croix); certains noteront que la fleur de lys et à l'origine un symbole de la monarchie française, ce qui peut être vu comme étant contradictoire avec le concept de république; ces concepts apparemment contradictoires entre eux pouvant être réconciliés en se représentant que cette fleur de lys unique symbolise d'abord et avant tout le Citoyen, et à travers lui le Peuple, détenteur ultime du pouvoir souverain au sein de la république;

- Triangle séparé en trois sections par une figure humaine avec impression en transparence de deux figures humaines sur chacune des sections du triangle : symbole conçu par André Taillon dans le cadre du projet Démocratie 2.0 - Québec, inspiré directement par le logo de Terre des Hommes de l'Expo 67, représentant l'unité et la solidarité entre les peuples vivant sur une même terre, un même territoire.  À la base, le triangle se voulait de représenter un tee-pee symbolisant à la fois la réalité de nos origines autochtones et le concept que la Terre représente notre maison à tous.  La figure humaine au centre représente le Citoyen autour duquel devra dorénavant s'articuler le pouvoir politique, entouré par ses semblables qui représente le Peuple dans son entièreté et sa diversité.  Ce symbole se veut une référence en opposition directe avec le symbole franc-maçonnique de la "pyramide avec l'oeil qui voit tout" que l'on trouve sur les billets américains actuels;

- Une mention, au verso, de l'année d'émission de la série de billets, ici en exemple "Série de 2013";

- Mention au verso de la devise du Québec "Je me souviens" avec fleur de lys blanche de chaque côté;

- Description, au verso, de la scène représentée à l'endos du billet;

- Quelques autres motifs graphiques de nature purement esthétique, comme les lignes courbes en arrière-plan, les formes arabesques présent sur les côtés de la face recto ainsi que des motifs de couleurs créés mécaniquement;

À ces symboles graphiques et inscriptions communs à toutes les dénomination de billet, s'ajoute un personnage historique spécifique en médaillon au centre de la face recto et une scène graphique qui lui est associée sur la face verso sur chaque dénomination de billet selon la liste qui suit :

Billet de 1 Piastre : Jacques Cartier (1491-1557), navigateur français considéré comme étant le découvreur de la Nouvelle-France; Scène représentant l'érection d'une croix sur les rives du havre de la Baie de Gaspé devant la population Iroquoise de Stadaconé (Québec) alors en expédition annuelle de pêche en juillet 1534;



Billet de 2 Piastres : Samuel de Champlain (1574-1635), fondateur de la ville de Québec; Scène représentant la fondation de la ville de Québec;

Billet de 5 Piastres : Paul Chomedey de Maisonneuve (1612-1676), fondateur de la ville de Montréal (Ville-Marie); Scène représentant la fondation de Ville-Marie par Paul Chomedey de Maisonneuve, Pierre Quesnel et Jeanne Mance;

Billet de 10 Piastres : Marguerite Bourgeoys (1620-1700), membre de la Congrégation de Notre-Dame canonisée Sainte, fondatrice de la première école et de l'enseignement du français en Nouvelle-France; Scène représentant le pensionnat de la Congrégation de Notre-Dame à Ville-Marie;

Billet de 20 Piastres : Le Vieux Patriote (Rébellion de 1837-1838), figure emblématique de la Rébellion des Patriotes et de la lutte pour l'indépendance du Québec; Scène représentant la victoire des Patriotes lors de la bataille de St-Denis;

Billet de 50 Piastres : Maurice Richard (1921-2000), joueur du Canadien de Montréal, premier marqueur de 50 buts en 50 matches et de 500 buts en carrière dans la LNH, figure emblématique du réveil national qui a mis fin à la grande noirceur précurseur de la Révolution Tranquille; Scène montrant le "Rocket" Richard marquant l'un de ses nombreux buts spectaculaires;

Billet de 100 Piastres : Alphonse Desjardins (1854-1920), fondateur du mouvement coopératif de Caisses Populaires qui porte son nom, figure emblématique du potentiel économique du Québec; Photo de la maison où fut fondée la première Caisse Populaire;

Billet de 200 Piastres : Joseph Armand Bombardier (1907-1964), inventeur de la motoneige, figure emblématique du génie et de l'innovation québécoise; Photo de la motoneige de modèle B-12 de 1951;

Billet de 500 Piastres : Félix Leclerc (1914-1988), auteur, chanteur et poète, figure emblématique du désir de justice sociale et d'émancipation nationale du peuple québécois; Paysage de l'Ile d'Orléans, lieu de résidence principal de Félix Leclerc;

Billet de 1000 Piastres : Michel Chartrand (1916-2010), syndicaliste notoirement avide de liberté et de justice sociale, figure emblématique des luttes sociales et ouvrières au Québec; Scène photographiée lors de la grève des mineurs de Murdochville de 1957 qui fut sévèrement réprimée par la police;

Campagne de financement


Parallèlement à cette présentation de planches de billets de banque fictifs d'une éventuelle Piastre Québécoise, une campagne de financement est lancée à travers la mise en vente de divers articles promotionnels (t-shirts, tasses, tapis de souris, etc.) sur lesquels figurent les planches présentées ci-haut, vous permettant ainsi de vous procurer en échange de votre support financier envers le mouvement Démocratie 2.0 un objet non seulement très décoratif à haute teneur symbolique mais surtout un objet propice à susciter intérêt et à engager des discussions autour de ce sujet des plus importants, et donc de faire évoluer le débat au sein de la population.  Cette boutique en-ligne est accessible sur http://www.cafepress.ca/kebek20.

jeudi 21 février 2013

Parlons (petite) monnaie

Parlons (petite) monnaie

"Il n'y a pas de petits profits, il n'y a que du profit"




Il y a deux semaines, la population du Québec et du Canada dans son entier s'en est fait passer une "p'tite vite" sans broncher et dans l'indifférence apparemment générale par le gouvernement canadien, et je fais référence ici au récent retrait de la pièce de monnaie de 1¢ de la circulation, sous prétexte que "ça coûte trop cher à produire" et que ce n'est pas pratique à transporter relativement à leur faible valeur monétaire, deux arguments fallacieux que je vais démolir en pièces en démontrant plutôt qu'il s'agit là, au contraire, d'un vol camouflé effectué par petits montants (1 ou 2¢ par transaction) mais qui se traduiront pour les commerçants en de substantiels bénéfices sous l'effet cumulé du nombre de transaction et par l'effet du temps.

Je veux souligner comme base de réflexion pour ce présent article le travail récent de M. Jean-Jacques Nantel concernant son analyse historique relativement aux "petits profits" de la population francophone qui ont été détournés au bénéfice de la minorité anglophone dominante suite à la conquête de 1763 et qui persiste depuis.  M. Nantel en arrive à la conclusion vérifiable et vérifiée, à travers son exposé, que le détournement cumulatif à la fois sur le nombre et sur la durée du temps de ce qui n'était au départ qu'un "petit profit" fait en sorte qu'au final, les sommes d'argents ainsi détournées de leurs propriétaires légitimes se transforment en montants colossaux auxquels le concept de "petit" ne peut désormais plus s'appliquer.  C'est ce que signifie l'adage anglo-saxon selon lequel "il n'y a pas de petits profits, il n'y a que du profit".

Pour avoir été sur place à l'époque de l'adoption de la monnaie unique en Europe (j'étais alors en France), je me rappelle que suite au passage officiel à l'Euro, les médias ont fait mention de nombreux secteurs de l'économie où l'on avait pu constater une augmentation significative des prix (de l'ordre de 3% à 15%) entre les précédents prix exprimés en Francs français et le prix qui aurait normalement dû correspondre en Euros en appliquant le taux de change officiel qui était de 6,55957FF pour 1€, ce qui a fait dire à plusieurs, avec raison d'ailleurs, que l'occasion du passage à la monnaie unique a été l'occasion pour plusieurs commerçants de se faire des profits supplémentaires sur le dos des consommateurs en introduisant des hausses de prix qu'ils ont espérés "indétectables" au calcul mental lorsque l'on applique la conversion des prix afin de déterminer la valeur réelle d'un service ou d'un objet en référence avec l'ancienne monnaie.  Si on se rappelle, à l'époque et dans les années précédentes, un touriste d'origine canadienne avait l'habitude de diviser le prix exprimé en Francs par 5 afin de se donner une idée grossière de ce prix exprimé en dollars canadiens.  Cette division par 5 ne constituait pas à la véritable valeur de conversion, mais donnait quand même une assez bonne idée du prix réel d'un objet ou d'un service exprimé dans une devise monétaire avec laquelle nous sommes familiers.  On peut constater que le ratio de conversion Franc-Euro n'est pas aussi aisé à calculer mentalement que le chiffre pratiquement "rond" de 5, avec un ratio de conversion "d'environ" 6.56.  C'est dans cette "approximation des prix" effectués lors de la conversion mentale des prix que les commerçants ont décidés de cacher leurs hausses de prix, faisant le pari que celles-ci passeraient inaperçues.  Cependant, lorsque la vérification a été faite calculatrice à la main, ces hausses sont apparues de manière évidente, causant une montée aux barricades des groupes de défense des droits des consommateurs.

Dans le cas qui nous concerne ici, c'est-à-dire la disparition de la pièce de 1¢, les hausses de prix ne devraient pas être aussi significatives que dans l'exemple précédent, mais demeurent tout de même réelles et représente un infime mais constant manque à gagner pour tous les consommateurs et ce au profit direct des commerçants.  Comme on le sait, bien que la "cenne noire" demeure toujours en vigueur dans le monde de la monnaie scripturale et virtuelle, l'abolition de celle-ci dans l'économie réelle se traduit dans son implantation à un simple "arrondissement" à la caisse vers l'unité de 5¢ la plus proche, les transactions ainsi arrondies étant supposées s'équilibrer "naturellement" entre le profit du consommateur et celui du commerçant, se traduisant ainsi selon la théorie vaseuse véhiculée pas les médias que le cout de cet arrondissement des prix devrait être nul pour les consommateurs.

Cependant, et surtout au vu de l'expérience européenne évoquée plus haut, et sachant également qu'il est facile pour un commerçant de savoir à l'avance quel sera le prix final d'un item une fois les taxes de ventes appliquées, on peut facilement concevoir que plusieurs seront sûrement tentés d'augmenter de 1¢ ou 2 le prix des articles qui ne s'arrondissent pas "naturellement" vers le haut afin qu'ils le fassent dorénavant, tout en laissant intouchés le prix des articles qui s'arrondissent déjà "naturellement" vers le haut, l'arrondissement vers le haut représentant déjà une hausse de 1 à 2¢ par article au profit du commerçant.  Cette hausse minime mais réelle des prix représente donc un profit supplémentaire potentiel de 1 à 4¢ par article du simple fait de l'abolition de la pièce de 1¢, une hausse minime et à peine perceptible je l'accorde mais qui aura un effet cumulatif pour tout le monde du fait du nombre de transactions à travers l'oeuvre du temps.  Et si, par l'effet du hasard, une facture se devait de se terminer par un 1 ou 2¢ (et donc s'arrondit vers le bas, au profit du consommateur), il ne faut pas perdre de vue que cette "perte" aura été largement absorbée par les hausses de 1 ou 2¢ qui visent à favoriser le commerçant à la caisse au moment d'arrondir.  Il ne faut pas perdre de vue également que ces hausses, représentant dans la majorité des cas moins de 1% et même moins de 0,01% d'augmentation, seront effectivement plus imperceptibles que les hausses variant de 3% à 15% dans l'exemple européen cité plus haut.

Maintenant, certains lecteurs pourraient être portés à croire que je fais une tempête dans un verre d'eau, que les sommes impliquées sont négligeables et que le gouvernement à pris une bonne décision dans ce dossier.  À ceux-ci, je dirai ceci :

- L'argument principal du gouvernement Harper pour justifier l'abolition de la "cenne noire" est que la production de cette pièce de monnaie coûte à l'état (donc, aux contribuables) 11 millions de dollars annuellement, soit à un coût de production de 1,6¢ pour chaque sou produit et mis en circulation.  L'abolition de cette pièce de monnaie permet donc l'économie de 11 millions de dollars par année pour le gouvernement.

- La somme de 11 millions de dollars ainsi "économisée" annuellement est un montant négligeable, voire même insignifiant, à l'échelle du budget fédéral, et représente donc une économie de bouts de chandelles dont il devient raisonnable d'en évaluer la pertinence.

- L'argument selon lequel il en coûte 1,6¢ pour produire et mettre en circulation une pièce de 1¢ est fallacieux, car lorsqu'il est associé à l'argument précédent (il en coûte 11 millions annuellement), cela laisse sous-entendre que la durée de vie d'une pièce de 1¢ est de seulement 1 an et qu'il faut renouveler annuellement l'ensemble des pièces de 1¢, ce qui est de toute évidence faux.  Si ce sous-entendu était effectivement vrai, alors il serait alors justifié d'abolir cette pièce de monnaie mal-aimée sur la base d'un argument économique de cette nature.  Mais puisque ce n'est pas le cas, prenons donc note que la durée de vie moyen d'un sou noir varie, en moyenne et selon une estimation toute personnelle et non-scientifique, entre 50 et 100 ans.  C'est donc dire que le coût de production de 1,6¢ par pièce de 1¢ est amorti sur une période qui s'étale sur la durée d'une vie humaine.  L'argument selon lequel cette pièce coûte cher à produire commence donc à prendre du plomb dans l'aile.

- Si on prend comme prémisse de travail que chaque citoyen habitant sur le territoire du Canada effectue en moyenne environ 3 transactions commerciales par jour (acheter du lait, un journal, un café, etc., le chiffre réel pourrait être beaucoup plus élevé que 3), et ce à chaque jour sur l'ensemble de l'année, et que sur chacune de ses transactions il perd en moyenne 3¢ par rapport au prix payé pour la même transaction avant l'abolition de la pièce de 1¢ et de l'éventuelle hausse minime visant à manipuler la transition en faveur du commerçant que j'ai évoqué, on en arrive à une perte nette d'un peu plus de 33$ par année pour le consommateur.

- Toujours à partir de ces mêmes prémisses de travail, cette perte annuelle de 33$ par habitant se traduit par une perte nette collective de 1 155 000 000$ pour une population de 35 millions d'habitants.  Vous avez bien lu : un coût collectif potentiel de plus de 1 milliard 155 millions de dollars annuellement pour une supposée économie de 11 millions!  Et ceci au profit distribué de l'ensemble des commerces.  Quand je disais qu'il n'y a pas de petits profits...

- De même, en prenant compte qu'un nombre considérable de ces transactions se font grâce à des cartes de débit ou de crédit, donc "au sou près", ceci incite à une révision à la baisse du dernier estimé, mais on peut tout de même noter l'énorme disproportion entre les soit-disant économies effectuées et le potentiels coûts cachés à une telle politique de retrait du sou noir.

- Mais finalement, l'argument massue pour fracasser ce miroir aux alouettes, c'est de souligner que si le gouvernement Harper tenait absolument à réaliser des économies budgétaires relativement à notre système monétaire, il n'avait qu'à ré-instaurer le pouvoir exclusif de la Banque du Canada qui a été illégalement abdiqué en faveur du système bancaire privé international, et ainsi abolir légitimement la dette publique du Canada, et surtout de suspendre le paiement annuel des intérêts (composés) de cette dette, qui à eux seuls (juste les intérêts de la dette, pas la dette elle-même) se montent à 170 000 000$ par jour pour le seul palier de gouvernement fédéral, ce qui donne la rondelette petite somme de 62 milliards 500 millions et des poussières annuellement; 8 milliards par année pour le gouvernement du Québec.

Comment le gouvernement Harper peut-il considérer 11 millions par année comme une économie significative pour l'état quand les seuls intérêts de la dette publique illégale représentent une saignée de 170 millions par jour en pure perte injustifiée!?

Donc, bien que le vol constitué par le retrait du sou noir ne soit pas le plus gros vol que doit subir le peuple québécois et canadien (voilà bien une bataille que nous partageons), il constitue tout de même un vol qui mérite en tant que tel d'être souligné, particulièrement en considérant l'indifférence totale que ce sujet semble avoir suscité.

De plus, le retrait du sou noir et le coût caché pour tous les consommateurs que ce retrait implique amène un argument supplémentaire à la nécessité pour le peuple canadien d'une part, et pour le peuple québécois d'autre part, de se doter d'institutions bancaires citoyennes émettrices de monnaie souveraine.

J'aimerais terminer cet article sur la monnaie et le système bancaire en joignant deux manchettes tirées d'archives historiques sur lesquels je suis tombé alors que je faisais une recherche pour un projet parallèle, sans relation directe avec le sujet traité plus haut, concernant certaines modifications de notre paysage bancaire et économique au fil des années, et que je vous livre ici pour votre plaisir et votre culture générale.

AR

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(Source : http://www.bilan.usherb.ca/bilan/pages/evenements/384.html)

Création de la Banque canadienne nationale

[ Février 1925]

Le début du siècle est marqué par un important mouvement de concentration des banques. En 1924, la Banque Nationale, dont le siège est à Québec, évite la faillite en se fusionnant avec la Banque d'Hochelaga. Ensemble, ils forment une nouvelle institution qui prend en février 1925 le nom de Banque canadienne nationale (BCN).

Le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau encourage cette manoeuvre en adoptant par loi une émission d'obligations de 15 millions de dollars à la nouvelle institution. Le premier président de la BCN sera Janvier-A. Vaillancourt. Il occupera ce poste jusqu'en 1928.
L'avenue du Mont-Royal en direction ouest, à l'angle de la rue St-Denis: on y aperçoit la succursale Mont-Royal de la Banque canadienne nationale, un bureau de dentiste, un commerce United Cigar Stores, le Parisian Billard Parlor, l'édifice Carter Inx et un panneau-réclame des cigarettes Guinea Gold.Année: 1928. © Ville de Montréal. Gestion des documents et archives.Référence: Ville de Montréal. Gestion des documents et archives. Numéro original de la pièce : Z-8..


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(Source : http://www.bilan.usherb.ca/bilan/pages/evenements/21870.html)

Absorption de la Banque Molson par la Banque de Montréal

[30 octobre 1924]

La Banque de Montréal s'empare par le fait même des 110 succursales de la Banque Molson, majoritairement situées en Ontario. 

Dorénavant, la Banque de Montréal aura un actif de 725 millions de dollars et des dépôts totalisant 500 millions de dollars. Avec la disparition de la Banque Molson, il ne reste plus que 12 banques à charte au Canada. Il y en avait 18 au début de l'année 1922.
La Banque de Montréal située sur la rue Sherbrooke Ouest à Montréal.Année: 1920. © Musée McCord Auteur: Wm. Notman & Son. Référence: VIEW-18741 Site Internet du Musée McCord. Le musée fait une mise à jour régulière de ses données. Pour en savoir plus sur le document, visitez le site du Musée McCord..
 

mardi 19 février 2013

Discussions autour du thème de la Monnaie

Discussions autour du thème de la Monnaie

Extrait d'un article de Richard LeHir intitulé "1962 : Initiation à la politique québécoise" publié sur Vigile.net et de quelques commentaires en réaction à celui-ci autour du thème de la création monétaire.

1962 : Initiation à la politique québécoise
« Ça fait 100 ans qu’on mange de la m..., c’est l’temps qu’on s’engage un bon Cook »
Richard Le Hir
Tribune libre de Vigile
lundi 28 janvier 2013      1693 visites      14 messages

(...)

En fouillant ma mémoire avec l’aide de Google, je suis parvenu à préciser l’année où j’avais ainsi passé une partie de l’été à Saint-Jean-Port-Joli. C’était en 1962, et je m’en souviens parce que Réal Caouette, le chef du Crédit Social (un parti fédéral) au Québec, venait tout juste de réussir l’exploit de faire élire 26 députés, grugeant à la fois sur le Parti Progressiste-Conservateur de John Diefenbaker et sur les Libéraux de Lester B. Pearson.

Les Créditistes avaient remporté le comté de Montmagtny-L’Islet où se trouvait justement Saint-Jean-Port-Joli. Le vainqueur s’appelait Jean-Paul Cook , et il fut défait un an plus tard lors de l’élection générale suivante. À cinq ans du centenaire de la confédération canadienne qui allait être célébré en grandes pompes en 1967 à l’occasion de l’Expo 67, Jean-Paul Cook n’avait rien trouvé de mieux comme slogan électoral que celui-ci : « Ça fait 100 ans qu’on mange de la marde, c’est l’temps qu’on s’engage un bon Cook ». Authentique ! Des choses pareilles, ça ne s’invente pas !

En 1962, Saint-Jean-Port-Joli, c’était très loin de Montréal. Il faut avoir à l’esprit que la 20, aujourd’hui connue sous nom d’« Autoroute-Jean-Lesage », était encore en construction à cette époque-là. Lorsque je raconte à mes enfants que jusqu’en 1959, la route de Drummondville au Pont de Québec sur la Rive-Sud était en gravelle, ils ont peine à me croire et s’imaginent que je les mène en bateau.

C’était loin en distance, et c’était aussi loin dans le temps. Les mentalités étaient moins évoluées qu’à Montréal. La télévision ne se rendait pas encore partout, et le clergé en menait large. Du fait de la renommée et du progressisme des sculpteurs de la famille Bourgault et de la présence estivale de plusieurs membres de la communauté artistique de Montréal, Saint-Jean-Port-Joli attirait déjà à cette époque une importante clientèle touristique, et c’est ce qui avait convaincu Jacques Labrecque de s’y produire en spectacle pendant l’été.

Le jeune montréalais que j’étais (j’avais alors 15 ans) allait y découvrir un Québec que non seulement il ne connaissait pas, mais dont il ne soupçonnait même pas l’existence, et c’est par la politique qu’il allait le faire.
En effet, il faut savoir que le Crédit social au Québec a toujours été un phénomène essentiellement régional et rural, qui n’est jamais parvenu à s’implanter en milieu urbain. En fait, les « gens de la ville » se montraient plutôt condescendants à l’endroit de ces paysans qui adhéraient à des thèses aussi simplistes que celles du Crédit Social. À quinze ans, le réflexe de ricaner est beaucoup plus prompt que celui de chercher à comprendre, et je n’échappais pas à la règle.

Un après-midi que j’errais dans l’atelier-école de Jean-Julien Bourgault entre deux répétitions, j’étais tombé sur la machine qu’il utilisait pour imprimer ses chèques d’entreprise. C’était une vieille « Paymaster » sur le devant de laquelle on faisait glisser des touches pour les arrêter sur les chiffres correspondant au montant du chèque. Lorsque cette étape était franchie, il fallait encore placer un chèque dans la fente prévue à cet effet à l’arrière de la machine, et appuyer sur une manivelle pour l’impression et la perforation en trois couleurs, rouge, bleu et noir.

Le gamin que j’étais était bien impressionné par le caractère officiel que ce procédé conférait à n’importe quel bout de papier. C’est alors que germa dans mon esprit un projet diabolique. J’allais profiter du fait que Réal Caouette avait promis à tous les Canadiens un « dividende social » de 100 $ (pas loin de 10 000 $ en argent d’aujourd’hui) pour imprimer des chèques de 100 $ et chercher à les utiliser pour payer dans les magasins et restaurants.

De ma plus belle écriture, j’avais imité la présentation des billets de banque et inscrit Banque du Cacanada (sic). Puis, à l’endroit où apparaît normalement la signature du gouverneur de la banque, j’avais signé Royal Cacahuète pour me moquer de Réal Caouette.

Et bien vous n’allez pas me croire, mais figurez-vous que j’allais avoir le choc de ma vie (alors bien courte) lorsque je me fis demander à la caisse dans trois ou quatre établissements, « C’tu bon, ça ? ». Et si je n’avais pas éclaté à chaque fois d’un fou rire irrépressible, je serais entré dans la légende à la rubrique « faux-monnayeurs ».

Inquiet de mon succès et mesurant tout à coup la portée de mon mauvais coup, j’avais prestement mis fin à l’opération en priant très fort qu’elle ne vienne pas à l’oreille des autorités.

Richard LeHir
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28 janvier 2013, par Adam Richard 

Ce que je retient le plus de ce billet, c’est l’épisode que vous relatez concernant l’histoire de la fabrication des chèques. Vous avez touché, sans le savoir à l’époque, à l’élément central sur lequel se bâtit la souveraineté de toute nation qui se respecte, la politique monétaire et la création de monnaie, un sujet étrangement tabou au sein de l’establishment souverainiste (Landry, Parizeau, Aussant, etc.). Vous avez également découvert, par accident, que la valeur d’un instrument monétaire est surtout basée sur la confiance d’autrui dans la reconnaissance par autrui de la valeur de cet instrument monétaire ; confiance qui est étonnamment très facile à acquérir, à la lumière de votre expérience, une fois qu’"autrui" possède effectivement entre ses mains un instrument monétaire concret dans lequel il peut effectivement placer sa confiance. Passer de la parole (abstraite) à un objet (réel) contribue pour beaucoup à passer du domaine conceptuel plutôt vague pour le commun des mortels à celui de la réalité concrète qui leur est beaucoup plus familière parce que cette réalité se reflète dans leur vie de tous les jours, et ce même pour un sujet d’apparence rebutant comme celui de la politique monétaire.

C’est pourquoi un projet d’indépendance du Québec qui se veut crédible ne peut se priver d’un projet de banque centrale publique et d’une monnaie propre qui lui seraient associés, comme je l’ai souligné dans certains de mes écrits en rapport au projet Démocratie 2.0 ainsi que de nouvelles voix depuis sur Vigile, dont Pierre Cloutier pour ne nommer que lui.

Les buts de ces outils seraient triple :

- Mettre fin à l’arnaque bancaire privée qui a cours présentement et qui fausse complètement toute la question des finances publiques ;

- Mettre fin à la pauvreté et réduire les inégalités économiques et sociales ;

- Investir dans le développement économique collectif propre à faire avancer les intérêts de la population, au lieu des intérêts de l’oligarchie financière.

C’est donc pour vous remercier d’avoir partagé avec nous cette anecdote ainsi que pour ajouter ma propre contribution au discours public sur ce sujet que j’y vais donc également de ma propre anecdote concernant la monnaie. Elle n’est pas aussi élaborée que la vôtre, et de loin, mais porte tout de même en elle son lot d’enseignements qu’il me fait plaisir de partager ici.

En 2001, suite à une mise-à-pied récente de mon employeur précédent et la perspective peu inspirante de potentiellement être sur le chômage pour une durée indéterminée, j’ai accepté l’offre que m’a faite un employeur localisé à Paris, en France, faite à travers leur bureau montréalais qui venait d’ouvrir. C’est-ce qui fait que j’ai eu l’opportunité d’être en Europe, en France plus précisément comme je l’ai mentionné, pour la période comprenant les 6 derniers mois avant l’utilisation officielle de l’Euro comme monnaie en France et les 3 mois qui ont suivis. C’est donc dire que ce sujet était très d’actualité à l’époque là-bas et que le sujet était traité quotidiennement et en profondeur tant par les journaux, la radio que la télé, dont entre autre une campagne "d’éducation populaire" qui martelait sans cesse le taux de conversion Franc/Euro afin de faciliter la transition vers la nouvelle unité monétaire.

Dans les 6 mois précédant l’entrée en fonction officielle de l’Euro, les prix dans les commerces étaient affichés dans les deux unités monétaires, en Francs et en Euros, même si les transactions à la caisse ne pouvaient s’effectuer qu’en Francs. Cependant, les banques et les institutions financières transigeaient déjà entre elles exclusivement en Euros, la nature de leurs échanges inter-bancaires étant en monnaie scripturale de toute façon. Si je ne me trompe pas, les transactions sur Internet étaient déjà en Euros elles aussi. Cette situation a prévalue telle quelle jusqu’au 31 décembre 2001. L’entrée en vigueur officielle de l’Euro, planifiée pour le 1er janvier 2002, eut bel et bien lieu sans anicroches malgré le fait que le changement s’est déroulé durant le passage de la nuit du Jour de l’An et ce dans un pays qui ne m’est pas apparu comme particulièrement efficace ni productif comparativement à nos standards nord-américains. (NOTE DE L'AUTEUR : Avis au lecteur d'origine française qui aurait pu se sentir froissé par ce dernier commentaire : veuillez noter que je fais ici allusion à des impressions qui découlent elles-même d'apparences, qui comme tout le monde le sait peuvent être trompeuses.  De plus, ces impressions découlent plus de l'observation à travers mon regard de nord-américain des différences culturelles entre le Québec et la France notamment en ce qui a trait au monde du travail, et non sur des statistiques officielles de PIB et de PNB.  Il faut donc comprendre que ce dernier commentaire n'a aucune prétention de "vérité absolue" et repose en grande partie sur des critères subjectifs.  Il est donc recommandé de le prendre avec un grain de sel.)

J’ai moi-même fait le test : je suis allé retirer de l’argent du guichet automatique près d’où j’habitais, dans les environs de 20h le 31 décembre 2001, j’ai reçu des Francs et encore aucun billet en Euro n’était en circulation nulle part. Le lendemain, vers les 10h du matin, le 1er janvier 2002, toujours au même guichet je répète l’expérience et cette fois-ci je reçois effectivement des Euros. Les commerces (du moins ceux qui étaient ouverts le Jour de l’An) étaient également équipés de tiroirs-caisses garnis en Euros, bouclant ainsi la boucle du changement d’unité monétaire. Si mon souvenir est exact (et je concède qu’il ne l’est peut-être pas), les commerces ne tenaient qu’une seule caisse, en Euros, et n’acceptaient plus les Francs qui étaient pourtant encore distribués la veille. Il était encore possible de les écouler en allant dans les banques pour convertir les Francs toujours en circulation en nouveaux Euros, et ce pendant encore environ 6 mois, suite à quoi les Francs non-convertis deviendraient alors nuls et sans-valeurs.

Ce que j’ai appris pour avoir vécu sur place cette expérience somme toute hors du commun, c’est que premièrement la transition d’un système de monnaie vers un nouveau est une chose relativement facile à accepter par la population, particulièrement une fois que la chose devient concrète dans les faits, et ce malgré une résistance initiale. Deuxièmement, la logistique impliquée derrière une telle transition, à l’échelle d’un pays comme la France et d’un continent comme l’Europe, m’est apparue comme une chose relativement simple compte-tenu du fait que la transition finale s’est effectuée sans anicroches durant la nuit d’un congé férié dans un pays où les vacances sont sacrées et qui n’est pas reconnu pour son efficacité organisationnelle, moyennant bien entendue une préparation appropriée au préalable. Il m’apparait donc comme une évidence qu’il est possible d’effectuer quelque chose de comparable à l’échelle du Québec au niveau technique et logistique, tant par notre taille réduite en terme de population que par notre savoir-faire collectif.

Le site kebek2point0.org que j’ai lancé dans le cadre du projet de Démocratie 2.0, en plus des composantes d’organisation de la vie démocratique qu’il contient, porte en son sein les mécanismes internes d’une banque centrale : établissement d’une monnaie propre et souveraine, émission de monnaie sur des comptes scripturaux, capacité de transfert de fonds d’un compte à l’autre entre les différents clients de la banque, dépôt et conversion de devises étrangères (dont le dollar canadien), établissement du taux de change, accumulation de devises étrangères pour fins de commerce extérieur, et ce par la voie de services en-ligne. Cet ensemble fournit des outils d’organisation et de services bancaires et financiers propres à mettre en place de manière informelle une nouvelle monnaie québécoise d’une manière similaire à la situation qui prévalait dans le domaine des affaires et et le monde inter-bancaire dans les mois précédant le 1er janvier 2002.

Pour en arriver à la concrétisation dans le réel d’une telle monnaie québécoise, que manque-t-il ? Très peu de choses au fond... Les planches graphiques de chaque dénomination de billet, un imprimeur officiel, idem pour les pièces de monnaie, et finalement un réseau de distribution sur le terrain couvrant l’ensemble du territoire. Ne manque plus qu’un seul ingrédient, la confiance, qui découle directement du taux d’acceptation et d’utilisation de cette monnaie au sein de la population. Finalement, je verrais plus un scénario d’introduction de cette nouvelle devise monétaire qui s’inspire du modèle Suisse, qui comporte deux unités monétaires sur le même territoire (une monnaie interne et une monnaie internationale, le dollar canadien actuel jouant ce second rôle) et qui favorise une intégration progressive, plutôt qu’un scénario "à l’européenne" qui impose une monnaie unique tel que décrit plus haut.

En démontrant les bénéfices financiers d’utiliser cette monnaie vs le dollar canadien, associée à une gestion démocratique directe délimitée par les termes d’une constitution rédigée et signée par chaque constituant sur la base du consentement éclairé, nous aurions les prémisses d’un nouvel état-nation centré sur le peuple, capable déjà de mettre en place des politiques souveraines indépendantes de l’Assemblée Nationale et de la Chambre des Communes qui favorisent le bien public et le gain financier associé à l’utilisation de cette monnaie, et ce dans des délais relativement rapides, comme par exemple de financer la conversion de voitures à essence en voitures électriques (avantage économique et écologique favorisant l’arrêt de la dépendance au pétrole), conversions présentement rendues impossibles par la SAAQ (http://www.journaldemontreal.com/20...) ; ou encore de financer des politiques favorisant la souveraineté alimentaire, etc. Bref, des politiques propres à inciter encore plus de gens à joindre ce nouvel état-nation et de bénéficier des avantages qui y seront associés, jusqu’à éventuellement être en mesure de prendre légitimement contrôle de la fonction publique actuelle dans les missions critiques de l’état (santé, éducation).

L’une des meilleures façon pour les Québécois de sortir le Canada du Québec consiste pour eux par commencer à sortir les dollars canadiens de leurs poches et de les remplacer par leurs propres piastres québécoises. Chose qui ne serait pas si difficile à faire accepter à une majorité de la population au vu de l’anecdote relatée dans votre article.

Adam Richard
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29 janvier 2013, par Francis Déry 

La valeur d’une monnaie, c’est sa crédibilité.

Au moment d’une transaction, c’est la foi du vendeur qui importe. Et généralement les vendeurs vérifie peu ou prou les billets. Un billet est un support matériel contenant un format d’informations graphiques et textuelle. Il faut vérifier la texture du billet et l’ensemble des détails du graphisme pour attester l’authenticité du billet. Le principe d’une monnaie doit être son faible coût de l’émission, et un coût dissuasif pour la reproduction non-autorisée (dans votre cas, l’acquisition de la technologie "paymaster").

Et la crédibilité sous-jacente d’une monnaie repose sur celle de l’émetteur. Dans ce cas-ci, vous êtes votre propre émetteur. L’économie est une forme de religion puisqu’elle requière de la foi, un credo, des rites sous forme de protocoles pour les échanges, et des temples que sont les banques. Dieu Tout-Puissant étant la Banque Centrale. Le système légal aussi repose sur la foi en une autorité qui dicte les lois.

Koubilaï Khan, petit-fils de Temüdjin (Gengis Khan), était le puissant empereur de la dynastie Yuan qui unifiait la Chine, le Thibet, la Mongolie, la Corée, le Turkestan Oriental et le sud de la Sibérie oriental. Son empire ne contrôlait plus ses dépenses d’état, en particulier pour ses deux invasions du Japon. Alors, l’empereur a édicté de la monnaie certifiée sous forme de billets impériaux de grandes valeurs. Qui refusait d’honorer ces billets était passible de la peine de mort. L’hyperinflation a suivi et la foi est tombée. Avec la chute de la foi envers la monnaie, ce fut la chute de la foi envers l’autorité suprême. La dynastie Yuan s’est écroulée à la suite des révoltes populaires et le Mandat du Ciel est passé à la dynastie Ming.

Lors de mon séjour en Chine Populaire en 1994, j’ai réalisé que les médaillons certifiant des agents d’autorités sur la rue ressemblaient à des breloques de pacotille. L’illusion est créatrice d’autorité. Dans l’esprit communiste, il y a la réalité tangible du matériel. Le reste est une construction d’illusions à combattre ou à maintenir. D’accord, il y a des points qui semblent inspirés du Bouddhisme. C’est sans doute l’origine du Communisme dans l’Illuminisme qui explique les points communs. La Chine Populaire avait récemment aboli un système bimonétaire avec le renminbi comme argent du Peuple, interdit de possession par les étrangers, et une monnaie pour ces étrangers (FEC:Foreign Exchange Currency) qui pouvaient se fournir dans les magasins d’amitiés. Les étrangers pouvaient obtenir de meilleurs produits inaccessibles au commun des Chinois. Ces billets étaient donc prisés par les Chinois qui disposaient de bons contacts dans les magasins d’amitié. Le dollar américain était interdit, tout comme les autres monnaies étrangères.
Je pensais rencontrer ce système lors de mon séjour, alors qu’il était aboli. Je lisais des avertissements dans mon guide que des Chinois postés aux gares ou à l’entrée de certains lieux publics nous vendaient des renminbi contre des dollars américains et qu’il y avait beaucoup de fausse monnaie en circulation. Une précaution de base est d’examiner la monnaie remise par les vendeurs en magasin. Eux, ils ne se gênent pas pour vérifier. Mais comment vérifier ? Même les renminbi officiels comportaient des irrégularités tel un léger mauvais cadrage du graphisme.

Qui peut émettre de la fausse monnaie en Chine ? On peut penser à des réseaux à la solde de Taïwan qui cherchent à déstabiliser la République Populaire, ou simplement à des triades peu patriotiques, même si ces triades sont officiellement interdites.

Ma fiancée s’était déjà fait avoir sur le reste de sa monnaie retournée par un chauffeur de taxi. La Chine étant son pays, comment pourrais-je être plus averti qu’elle ? J’étais arrivé avec une poignée de dollars américains et un carnet de chèques de voyage utilisant le numéraire USD. (C’est à ce moment que j’ai appris la sous-jacence du USD dans les systèmes monétaires acceptés mondialement)

Je ne possédais alors aucune carte de crédit. La monnaie était ma forme de paiement usuel, hormis de rare chèques pour des investissements ou paiement de frais d’université.

Ces chèques de voyage, je passais les changer au comptoir de la Banque de Chine de Pékin où je pouvais trouver un commis parlant anglais. Rien de moins officiel pour obtenir de la vraie monnaie officielle.  Cependant, le coût d’échange était relativement élevé. J’ai alors conclu un marché avec ma fiancée pour éviter d’utiliser le reste de mes chèques de voyage : elle me prêtait une somme rondelette de renminbi, et à mon retour au Canada, j’investissais l’équivalent de cette somme dans un CPG en son nom. Promesse remplie, j’ai utilisé son matricule NAS de résidente temporaire pour l’opération.

Par la suite, je me suis méfié des investissements en Chine Populaires après avoir observé fraudes et corruption. Je me sentais plus rassuré dans le "Monde Libre" où probité et honnêteté signifient quelque chose de tangible. Mais j’étais encore sous la coupe des illusions. L’Asie a connu une crise de confiance en 1997, mais elle s’est renforcée. Tandis que l’Amérique connaissait son sommet jusqu’en 2001...

Pour qu’un projet de pays soit crédible, il faut un projet d’économie forte qui ne repose pas sur des suppositions ou des promesses d’ivrogne. La Monnaie doit être contrôlée par l’État et fondée sur du tangible, et non sur l’autorité de la Loi.

Le Crédit Social a peut-être simplifié la vision de la monnaie, mais il a mis l’exergue sur celle-ci. Ce qui est important pour éduquer le peuple. Tandis que nos systèmes monétaires et financiers superposés sur le USD depuis les accords de Bretton-Wood, se sont complexifiés pour occulter la fragilité sous-jacente de la monnaie américaine et du système bancaire international. (Les échanges monétaires se sont peut-être simplifiés avec les accords sur l’Euro, mais les règles de ces accords n’ont pas tous été respectées, sans doute parce qu’infaisable).

Pour être indépendant, il faudra assumer un contrôle sur les transactions individuelles à fin de circonscrire les échanges économiques dans le cadre national pour pérenniser l’économie nationale. C’est liberticide. C’est même fasciste comme diraient certaines personnes. Je répond alors que les lois linguistiques sont aussi liberticides. Tout comme les lois pour régir les habillements respectant la laïcité. Il y a bien sûr du chauvinisme dans ce que j’écris.

Est-ce que l’émission d’une espèce monétaire est garante de notre souveraineté ? Non, parce que la possibilité de fausser l’espèce érode la crédibilité de cette monnaie. Une monnaie électronique qui relie directement à une banque d’état via un serveur pleinement certifié, peut assurer la crédibilité d’un échange économique. La foi du vendeur repose sur la crédibilité du serveur. Là, on entre dans le domaine de la sécurité informatique. On y est déjà via les paiements par cartes de crédits ou de débits. Et ce sont les banques qui gouvernent nos échanges. Pas l’État.

Pourquoi l’État doit se mêler de transactions personnelles ? Belle question. Il faudrait la poser à Brian Mulroney qui nous a servi la TPS pour dix ans à fin de lutter contre un déficit structurel. Cette taxe s’est pérennisée depuis. Aussi, de nombreux pans de l’économie ont glissé dans le secteur informel. Si le marchand est honnête, il vous propose de payer comptant sans facture pour oublier la TPS. Le produit vendu fera partie des pertes et vols. S’il est malhonnête, il prend votre comptant sans facture tout en vous chargeant la TPS. Ou encore la plupart des factures sont inutiles pour le consommateur, alors le marchand ne les rapporte pas. Jadis, je fréquentais beaucoup les restaurants à Vancouver et à Toronto. combien de clients se font réchauffer un café ou font remplir gratuitement leur verre de boisson douce chez MacDonald ? Ajouter un sous et obtenez votre deuxième pantalon gratuit. Les spéciaux permettent de jouer avec les chiffres.

Des vertes et pas mûres, on pouvait en voir. Au Québec, les restaurateurs utilisaient le logiciel gamma pour faire de la double comptabilité. Je me suis imposer la règle de tout payer avec une carte de crédit pour créer des traces de papier sur mes échanges. Évidemment, la drogue et la prostitution n’accepte pas les cartes de crédit ou de débit.

Ni les scalpeurs du Centre Bell. Pourtant tous ces marchands de services ou produits illégaux devraient vous charger la TPS et la TVQ.

Les puissances financières et la Mafia donnent beaucoup au Parti Libéral (ou à d’autres parti). Rien à voir en terme de taille avec les contributions vraiment individuelles. Bref, des partis mammouths nous gouvernent et leurs finances reposent sur des organisations exploitant les failles du système financier ou sur le blanchiment. Je m’étais déjà posé la question si un parti souverainiste devrait émettre de la fausse monnaie pour arriver au même niveau que ces gros partis défendant la ploutocratie. L’origine de la réflexion étant mon séjour en Chine Populaire.

Francis Déry
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29 janvier 2013, par François A. Lachapelle 

Je paraphrase le titre de Richard Le Hir : 1979-1980 : initiation à la politique monétaire québécoise. Et je renvois le lecteur au livre de Jane Jacobs édité en traduction française chez VLB ÉDITEUR, 2012, titre : LA QUESTION DU SÉPARATISME. Ce livre est maintenant disponible en français après une longue attente grâce à la détermination d’un grand Québécois, Robin Philpot.

Je crois que ce livre, écrit en 1979 par Jane Jacobs vivant à Toronto, est d’une brûlante actualité. Le sujet du livre porte sur le projet de souveraineté du Québec et sur la compréhension qu’en avait René Lévesque. Pour se familiariser avec la pensée de René Lévesque, Jane Jacobs a lu la traduction anglaise du livre de René Lévesque, interviewé par un français, Jean-Robert Leselbaun, intitulé : LA PASSION DU QUÉBEC aux Édi. Québec Amérique, 1978.

Les titres des chapitres du livre de Jane JACOBS sont : Montréal et Toronto, la séparation de la Norvège et de la Suède, la taille des pays et leur développement économique, les paradoxes de la taille, dualité et fédéralisme, la souveraineté-association : les liaisons et la souveraineté-association : l’indépendance.

Tout cela pour arriver au fait que René Lévesque était contre la création d’une monnaie du Québec avec sa
Banque centrale en cas d’indépendance politique. Jane Jacobs était en désaccord avec cette position de René Lévesque. Pour contrôler son économie, un pays doit avoir sa monnaie et sa Banque centrale. Je sais que ce débat n’est pas fermé surtout quand on regarde l’union européenne et la monnaie commune, ce qui ne se fait pas sans problème.

Réal Caouette avait une intuition au sujet de l’utilisation de la planche à billets et son rôle dans l’économie. Il y aurait à découper le rôle de chacun dans l’harmonisation des politiques d’une Banque centrale, le rôle des Banques à charte et le contrôle du crédit et des taux d’intérêts, tout cela influençant les masses monétaires en circulation et le contrôle de l’inflation et du taux de change de la devise. Toute cette plomberie est possible.
Le message que je retiens de Réal Caouette et qui je crois demeure un projet valable pour les Québécois : sortir l’économie (micro-macro) des alcôves des spécialistes et vulgariser cette plomberie pour rendre le consommateur plus responsable et plus libre. Vaste projet comme dirait le Général De Gaulle.

François A. Lachapelle

L'Acte de Naissance, ce document incompris

 Par quel mécanisme l'État prétend-il avoir "autorité" sur le Peuple?

L'Acte de Naissance, ce document incompris

La base légale de la souveraineté du Peuple et de la légitimité de l'État


Dans mon dernier article (http://www.vigile.net/Une-comprehension-incomplete-qui) j'ai abordé les entités que nous connaissons communément sous les noms de Québec et Canada comme étant en réalité des corporations de type fiduciaire et tenté d'expliquer les bases et la nature réelle du pouvoir au sein de ces entités en examinant les différents rôles occupés au sein de ces fiducies. L'une des prémisses principales pour justifier un tel angle d'approche tenait de mon affirmation que le document connu sous le nom d'Acte de Naissance était un Titre de valeurs mobilières émis en notre nom et dont nous sommes propriétaires en vertu de la Loi sur les Banques du Canada, et donc qui représente une certaine somme de richesse dont nous sommes titulaires mais qui est détenue en fiducie par l'État à notre insu. J'ai également fait mention que l'Acte de Naissance était le seul document officiel vous identifiant clairement en tant qu'être humain, tandis que toutes les autres pièces d'identités émises par l'État dérivés à partir du Certificat de Naissance concerne une personne morale séparée et distincte de l'individu, soumise à l'État et à laquelle nous nous identifions trop souvent par erreur croyant à tort qu'il s'agit de nous-même en tant qu'être humain. Ce sont sur ces prémisses que j'aimerais me concentrer dans cet article, afin de les démontrer hors de tout doute et ainsi permettre au lecteur de s'apercevoir de la supercherie légale telle que je l'ai décrite dans mon dernier article.

Commençons donc notre observation en jetant un coup d'oeil global sur le document dans son ensemble.


Au premier coup d'oeil, ce document arbore une entête des plus élaborées et est imprimé sur un papier de toute évidence spécial, ce qui est confirmé par les inscriptions suivantes qui se trouvent à l'endos du document :


Ce document comporte des éléments de sécurité.
Pour vous assurer de son authenticité, veuillez vérifier les caractéristiques suivantes au resto.


Papier sécuritaire filigrané
On distingue le dessin ci-contre (une fleur de lys et le mot Québec) ou une partie de celui-ci lorsqu'on place le papier devant une source lumineuse.

Protection chimique
Des indicateurs chimiques intégrés au papier provoquent l'apparition de cernes lorsque le papier est exposé à des solvants d'encre.

Gravure
De fines lignes continues bleues sont imprimées dans le faut du document, donnant ainsi un effet de relief et une sensation abrasive au toucher.

Image latente
En portant le document à la hauteur des yeux et en le regardant à l'horizontale, on peut voir une fleur de lys dans le coin supérieur droit de la gravure. Cette image n'est pas reproductible au photocopieur.

On peut donc voir que ce document comporte des similitudes avec un certificat d'actionnaire ou un titre au porteur au niveau de ses caractéristiques physiques.

Si on se concentre maintenant sur la partie supérieure, nous pouvons constater que la personne propriétaire de ce document est le nouveau-né, et que celui-ci est identifié en tant qu'enfant et non en tant que propriétaire. Ce détail ne change en rien le fait que ce document est un titre des valeurs mobilières de type nominatif, comme nous allons le voir plus loin.


Ensuite, se trouve tout d'abord l'identification des parents, qui agissent également à titre de déclarants, c'est-à-dire qu'ils jouent plus ou moins le rôle de témoins pour l'État, à moins que ce rôle n'implique également le fait que les parents agissent au nom de l'enfant. Au bas de cette section, nous pouvons également constater qu'il est fait mention que l'original comporte la signature des parents, et comme j'ai expliqué dans mon article précédent, la signature "crée" le titre et en marque la possession.


Finalement, tout en bas, se trouve la section concernant le directeur de l'état civil, à savoir un numéro d'inscription, une mention que l'original est signé par l'officier de l'état civil et la date de la signature d'une part, à gauche, et une mention Certifiée Conforme, la signature reproduite mécaniquement du Directeur de l'état civil actuel et la date de délivrance du document de l'autre part, à droite.


Maintenant que nous sommes familiarisés avec le document en tant que tel, regardons maintenant quelques extraits tirés de la Loi sur les Banque du Canada afin de voir si nous n'y trouverions pas une quelconque correspondance (et il y en a une, quoiqu'elle soit bien cachée à travers un langage obscur que je vais tenter d'éclairer).

Source : Loi sur les Banques (http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/B-1.01/)


Définitions

2. Les définitions qui suivent s’appliquent à la présente loi.

« titre » ou « valeur mobilière »

“security”

« titre » ou « valeur mobilière » Dans le cas d’une personne morale, action de toute catégorie ou titre de créance sur cette dernière, ainsi que le bon de souscription correspondant, mais à l’exclusion des dépôts effectués auprès d’une institution financière ou des documents les attestant ou des parts sociales; dans le cas de toute autre entité, les titres de participation ou titres de créance y afférents.

Donc, avant d'aller plus loin dans l'observation de cette loi, on prend note qu'un titre ou une valeur mobilière sont des termes synonymes, traduit en anglais par "security" en relation avec la Securities and Exchange Commission, donc il est question ici de "sécurité monétaire", que l'on peut résumer de la manière la plus simple en comparant le concept de titre avec une action sur le marché boursier.

Ensuite, j'ai allégué que ce titre, cette "action à la bourse", était un titre de type nominatif. Regardons donc ce que nous apprend la définition de ce concept dans la Loi sur les Banques :

« titre nominatif »

“registered form”

« titre nominatif » Titre de la nature précisée au paragraphe 83(4).

Pas très instructif en soi, outre le fait d'apprendre qu'un titre nominatif se nomme "registered form" en anglais, ce qui aura son utilité plus loin. Regardons donc maintenant ce que dit l'Article 83 alinéa (4) :


Effets négociables

83. (1) Les valeurs mobilières sont des effets négociables; à cet égard, la présente loi l’emporte sur les dispositions incompatibles de la Loi sur les lettres de change.

Titre nominatif

(4) Est nominatif le titre qui :

a) soit désigne nommément son titulaire — ou celui qui bénéficie des droits dont il atteste l’existence — et peut faire l’objet d’un transfert sur le registre des valeurs mobilières;

b) soit porte une mention à cet effet.

Accessoirement, l'alinéa (1) nous rappelle ici qu'un titre ou une valeur mobilière est en fait un effet négociable, confirmant donc que ce dont nous avons affaire ici représente bien une valeur monétaire. Le sous-alinéa a) de l'alinéa (4) nous apprend finalement qu'un titre nominatif est un titre qui désigne son propriétaire (le titulaire) par son nom, tout simplement. On voit également qu'il est fait mention de bénéfices qui reviennent de droit à son titulaire, ce qui correspond donc au rôle de bénéficiaire tel que décrit dans mon article précédent. L'alinéa b) semble plus vague et plus cryptique à première vue, mais ce que cette ligne veut dire signifie que le titre nominatif porte une mention à l'effet qu'il s'agit d'un titre nominatif, ce qui est partiellement trompeur dans le cas qui nous concerne, comme nous le révèle la version en anglais de cette loi, qui stipule :

83.

Registered form

(4) A security is in registered form if

(a) it specifies a person entitled to the security or to the rights it evidences, and its transfer is capable of being recorded in a securities register; or

(b) it bears a statement that it is in registered form.

Partant du fait que le terme "Registered form" désigne un titre nominatif, le texte de loi précédent se traduit comme suit :


Registered form (Titre Nominatif)

(4) Un titre est un "registered form" si

(a) il spécifie une personne attitrée à la valeur mobilière ou aux droits dont il atteste l'existence, et son transfert est en mesure d'être enregistré dans un registre de valeurs mobilières; ou

(b) il porte une mention qu'il s'agit d'un "registered form".

Cette formulation est loin d'être triviale quand on constate sur une version en anglais d'un Acte de Naissance du Québec que la mention "Certifiée conforme" présente sur la version française est remplacée par la mention... "Registered form" sur la version anglaise. Je n'ai malheureusement pas d'image de cela sous la main, mais peu importe, toute mon argumentation ne repose pas que sur ce seul fait. Il est à noter que "Registered" fait référence à une inscription (registration) telle que celle que nous pouvons constater sur la version française du document avec le "Numéro d'inscription" ("Registration number"). On peut facilement constater ici que ceux qui ont mis en place un tel système au sein des lois canadiennes ont tout fait pour que ce soit le moins compréhensible possible mais tout particulièrement pour les francophones : le titre est nominatif parce qu'il désigne son propriétaire par son nom (mot simple de 3 lettres absent du texte de loi, usant plutôt de mots moins usuels comme "nommément") mais en anglais on comprends que "le numéro d'inscription certifié conforme" est au moins tout aussi important que le nom, chose qui est loin d'être claire dans la version française, qui laisse sous-entendre que l'on peut s'attendre à voir la mention "Titre Nominatif" sur un titre de ce type, alors que c'est la mention "Certifiée conforme" qu'il faut rechercher.

Pour en revenir à mon Acte de Naissance affiché plus haut, vérifions donc si il rencontre tous ces critères.

1) Mon nom me désigne comme titulaire; [Check!]

2) Il porte un Numéro d'inscription; [Check!]

3) Il porte la mention "Certifiée conforme". [Check!]

Eh bien! Ça m'a tout l'air que nous avons effectivement un titre nominatif entre les mains!

Mais ne nous arrêtons pas de si bon chemin, regardons un peu plus loin pour voir ce qu'on y trouverait...


Caution d’un émetteur

84. La caution de l’émetteur d’une valeur mobilière est réputée, dans les limites de sa garantie, avoir la qualité d’émetteur, indépendamment de la mention de son obligation sur la valeur mobilière.

L'émetteur, dans ce cas-ci, c'est l'État du Québec.


Signatures

86. (1) Les certificats de valeurs mobilières portent la signaturelaquelle peut notamment être reproduite mécaniquement ou imprimée — d’au moins une des personnes suivantes :

a) tout administrateur ou dirigeant de la banque;

b) tout agent d’inscription ou de transfert de la banque, tout agent local des transferts ou une personne physique agissant pour leur compte;

c) tout fiduciaire qui les certifie conformes à l’acte de fiducie.

Et voilà, la voici cette fameuse confirmation en français de la mention "Certifiée conforme" en lieu et place de la mention "Registered Form" et qui confirme bel et bien que nous avons entre les mains une valeur mobilière, donc quelque chose qui vaut de l'argent dans le système monétaire actuel. Le sous-alinéa 86. (1) c) nous renseigne également sur le statut de fiduciaire (employé) de la personne qui certifie conforme ladite valeur mobilière. Notez également qu'il est fait mention ici d'une signature reproduite mécaniquement, ce que nous pouvons observer également sur l'Acte de Naissance.

Allons voir maintenant ce qui est mentionné à propos du détenteur inscrit :


Relations avec le détenteur inscrit

93. (1) La banque ou le fiduciaire visé à l’article 294 peut, sous réserve des paragraphes 137(5) à (7) et des articles 138 à 141 et 145, considérer le propriétaire inscrit d’une valeur mobilière comme étant la seule personne ayant qualité pour voter, recevoir des avis ainsi que des intérêts, dividendes ou autres paiements et exercer tous les droits et pouvoirs du propriétaire de la valeur mobilière.

Présomption

(2) Malgré le paragraphe (1), la banque peut considérer une personne comme habilitée à exercer les droits du détenteur inscrit d’une valeur mobilière qu’elle représente, dans la mesure où celle-ci peut lui fournir, conformément au paragraphe 127(4), la preuve qu’elle est :

a) l’héritier ou le représentant personnel d’un détenteur de valeurs mobilières décédé ou le représentant personnel des héritiers de ce dernier;

b) le représentant personnel d’un détenteur inscrit de valeurs mobilières mineur, incapable ou absent;

c) le liquidateur ou le syndic de faillite agissant pour un détenteur inscrit de valeurs mobilières.

Idem

(3) La banque doit, sous réserve des autres dispositions de la présente loi, considérer toute personne non visée au paragraphe (2) et à laquelle la propriété de valeurs mobilières est dévolue par l’effet de la loi comme habilitée à exercer, à l’égard des valeurs mobilières non inscrites à son nom, les droits ou privilèges y afférents dans la mesure où la personne établit qu’elle a qualité pour les exercer.

Immunité de la banque

(4) La banque n’est pas tenue de vérifier si des obligations envers des tiers incombent au détenteur inscrit de l’une de ses valeurs mobilières ou à la personne considérée en vertu de la présente partie comme tel ou comme propriétaire, ni de veiller à leur exécution.

Prenons le temps de décortiquer tout ça un moment, ça vaut la peine!

Donc, dans une version plus comestible pour un être humain, l'Article 93. stipule que : "La banque ou le fiduciaire (l'État) peut considérer le propriétaire inscrit (le titulaire, vous) d’une valeur mobilière comme étant la seule personne ayant qualité pour voter, recevoir des avis ainsi que des intérêts, dividendes ou autres paiements et exercer tous les droits et pouvoirs du propriétaire de la valeur mobilière."

L'alinéa 2) apporte une précision, cependant; il y est fait mention d'une présomption, donc d'une allégation présumée vraie mais non vérifiée. "Malgré le paragraphe (1) (donc, tous les beaux nanannes décrit au paragraphe (1) vont vous être enlevés), la banque peut considérer une personne comme habilitée à exercer les droits du détenteur inscrit d’une valeur mobilière qu’elle représente, dans la mesure où celle-ci peut lui fournir la preuve qu’elle est :

b) le représentant personnel d’un détenteur inscrit de valeurs mobilières mineur, incapable ou absent;"

Jusqu'au moment d'écrire ces lignes, j'étais un partisan de la thèse du détenteur inscrit absent concernant la présomption qui est faite ici, mais au moment d'expliquer brièvement ce qu'est une présomption quelques lignes plus haut, sans toutefois réfuter complètement cette thèse, je réalise maintenant que c'est définitivement la thèse de la personne mineure qui est utilisée ici à notre détriment, comme bon nombre de personnes qui se sont plongées dans l'étude de ces sujets, et je m'explique. Comme je disais, une présomption est une allégation non-fondée mais présumée vraie jusqu'à preuve du contraire. Et on prend la peine de nous le dire ici qu'il y a une présomption qui entre en jeu : en se présentant à la Banque, l'État dispose d'une "preuve" telle que requise à l'alinéa 2) que le détenteur inscrit sur le titre est bel et bien mineur, puisque c'est inscrit sur le document "Nom de l'enfant". Puisque personne n'est là pour réfuter et que personne n'a réclamé son bien de droit, la Banque ne dispose d'aucune raison "légale" de ne pas considérer le fiduciaire (l'État) comme agissant de plein droit en prétendant nous représenter en tant que personnes mineures (et donc sur un statut beaucoup plus près de celui des indiens de la Loi sur les Indiens que je ne le croyais jusqu'à maintenant) sans devoir faire plus de vérifications à savoir si nous sommes réellement toujours mineurs, et ce malgré la mention évidente de notre date de naissance sur le document qui peut indiquer le contraire hors de tout doute raisonnable.

Ensuite, seconde présomption : La banque doit considérer toute personne non visée au paragraphe (2) (toute personne qui n'agit pas au nom de quelqu'un d'autre, donc qui agit en son nom propre) et à laquelle la propriété de valeurs mobilières est dévolue par l’effet de la loi comme habilitée à exercer, à l’égard des valeurs mobilières non inscrites à son nom, les droits ou privilèges y afférents dans la mesure où la personne établit qu’elle a qualité pour les exercer. Donc, la Banque doit présumer que toute personne habilitée à exercer directement son droit de propriété, et non à travers une fiducie, dans la mesure où elle peut prouver son identité et démontrer que les droits de propriété ont été rapatriés par le détenteur inscrit (le propriétaire) à travers une dévolution par l'effet de la loi, peut effectivement être considérée comme étant le détenteur inscrit. Une "dévolution par l'effet de la loi", c'est une situation légale (qui a été établie sur une base contractuelle) qui prend fin par l'effet d'une autre base contractuelle. Aux yeux de la loi, un contrat est une opération juridique qui a pour nature de pouvoir créer, modifier, transférer ou éteindre des droits, d'où la notion de "dévolution par l'effet de la loi". C'est donc dire que si la première présomption joue carrément en faveur de l'État, cette seconde présomption nous mets carrément des bâtons dans les roues. En plus de devoir prouver que nous sommes qui nous sommes, nous devons de plus prouver que nous avons réclamé par la loi le bien dont nous sommes pourtant le détenteur inscrit; tandis que l'État n'a qu'à "prouver" que nous sommes mineurs avec une preuve qui pourtant finira bien tôt ou tard par être en contradiction flagrante avec cette présomption. Au moins, nous apprenons ici qu'il est effectivement possible de reprendre possession de ce bien qui est nôtre, par une dévolution par l'effet de loi.

Finalement, "Immunité de la banque",la banque n’est pas tenue de vérifier si des obligations envers des tiers incombent au détenteur inscrit ou au fiduciaire, ni de veiller à leur exécution. Donc, en cas de litige avec l'État, c'est à nous de s'arranger avec eux, la Banque s'en lave les mains. Merveilleux!

J'espère qu'à ce stade, vous réalisez maintenant pourquoi il est important de comprendre la nature réelle de l'Acte de Naissance et de son rôle dans le jeu fiduciaire de l'appareil canadien. Les structures de pouvoir au sein des fiducies et leur transposition dans le cadre de notre système d'état ne sont pas qu'une simple vue de l'esprit, nos dettes publiques sont construites illégalement sur la valeur collective des richesses représentées par ces titres, dettes qui sont purement artificielles et dont le seul but est de détourner le fruit de notre labeur à travers l'impôt, qui sert presqu'exclusivement à la dette et non aux services publics. Ces titres transfèrent également la légitimité du territoire et l'accès aux richesses naturelles qui sont par la suite bradées au secteur privé avec l'aide de nos subventions en plus, contribuant d'une deuxième saignée ponctionnant à même nos avoirs qui nous reviennent de droit. Donc, ce que je décris ici n'est qu'une autre facette de la gigantesque fraude financière et monétaire mondiale, je dirais même que c'est en quelque sorte l'ADN de ce système financier.


Le Certificat de Naissance


Je vais terminer cet article en faisant brièvement une analyse similaire du Certificat de Naissance, mais avant de ce faire, je tiens à préciser à ceux qui ne l'aurait pas remarqué que mon nom tel qu'il est inscrit sur mon Acte de Naissance ne contient que la première lettre de chaque patronyme en majuscule, le reste étant en minuscule sous la forme "Adam Richard" usuelle, ce qui m'identifie en tant qu'être humain tel qu'allégué précédemment. Je vous invite à aller vérifier votre permis de conduire, votre carte-soleil, voire même vos factures, pour constater que sur ces documents votre nom est inscrit invariablement en lettres majuscules exclusivement. Ayant moi-même constaté ce phénomène pour la première fois vers mes 16 ans, lorsque j'ai reçu ma carte d'assurance sociale suite aux "bons" conseils de ma mère ("c'est important si tu veux travailler"), j'ai profité du fait que ce qui était alors connu comme le "bureau d'assurance-chômage" était dans le même édifice que le bureau de poste pour demander à une préposée pour quelle raison mon nom était écrit en lettres entièrement majuscules dans la lettre qui accompagnait ma carte d'assurance-sociale, et la réponse qu'elle m'a servi était : "c'est à cause des ordinateurs". Bullshit! Même mon Commodore-64 que j'ai acheté à 12 ans était capable de faire des lettres en majuscules ET minuscules, et elle était en train de tenter de me faire croire que les ordinateurs du gouvernement fédéral ne possèdent QUE des jeux de caractères en majuscules, et ce malgré l'évidence flagrante que le reste de la lettre était issue du même procédé informatique, et était rédigée du reste correctement en ce qui concerne l'usage de majuscules et de minuscules (sinon je n'aurais pas remarqué mon nom sortant de la page comme je l'ai fait). Fin de l'anecdote à ce moment, mais finalement j'ai eu ma réponse... En passant, je ne crois pas que la préposée ait voulu m'induire volontairement en erreur; je crois plutôt qu'elle-même ignorait la vraie raison et s'est contentée de répondre ce qu'on lui a dit de répondre si on lui posait cette question, cette réponse semblant être plausible à l'époque.

Je tiens à vous rappeler que le nom en lettres majuscules désigne une personne morale, artificielle, distincte de vous, et qu'au sein de cette personne morale vous occupez le rôle de l'employé.

Ceci étant dit, jetons maintenant un coup d'oeil au Certificat de Naissance, qui constitue (qui crée à travers une constitution) la personne morale avec les lettres majuscules, à partir d'une image de certificat de naissance trouvé sur Internet (je ne possède pas ce document en ma possession en ce moment) :

À première vue, ce document semble pratiquement similaire à l'Acte de Naissance : même papier filigrané, même dispositifs de sécurité, mêmes informations, y compris le numéro d'inscription et la mention "Certifiée conforme". Nul doute possible, il s'agit bien d'un titre nominatif ici aussi.

Au moment où j'ai cherché et trouvé cette image, j'ai eu la surprise de constater avec stupéfaction que le nom de la personne désignée par ce certificat est écrit... de manière conventionnelle et non en lettres majuscules! Après un bref moment d'hésitation et de réflexion à savoir si j'avais commis une erreur propice à ouvrir une brèche dans les principes que j'avance, j'en suis venu à la conclusion qu'il n'y avait effectivement pas d'erreur, les pièces découlant du Certificat de Naissance portant toutes le nom du détenteur en lettres majuscules pour l'avoir vérifié par moi-même. Donc, pour avoir contemplé ce qui semblait à première vue poser problème, j'en suis venu à 2 pistes de solutions plausibles pour expliquer cette découverte inattendue, les 2 étant possiblement vraies mais l'une étant plus susceptible de l'être que l'autre.

La première chose qui m'a frappé lorsque j'ai trouvé cette image sur Google, c'est que le numéro d'inscription et la date de naissance y sont visiblement clairs, ce qui poserait normalement un problème de confidentialité. Ce n'est que l'instant d'après que j'ai réalisé que la date de naissance de la personne concernée étaient en... 1897! Donc, je ne pense pas que ça lui cause un énorme préjudice que son Certificat de Naissance soit exposé au monde entier sur la toile.

1897, donc à l'époque où le clergé jouait encore un rôle majeur dans la gestion des actes de naissance (ou "extraits" comme on les appelait dans ce temps-là), d'où ma première théorie concernant le fait que le nom n'est pas entièrement en majuscules. L'État étant une corporation sans âme ne pouvant avoir autorité que sur d'autres entités sans âmes, on peut facilement concevoir que l'Église, elle, n'a aucun problème à gérer et disposer d'âmes à son service, ce qui explique peut-être le non-usage de la forme majuscule. Le transfert de ce certificat des registres de l'Église vers ceux de l'État s'est probablement produit même après la mort de M. Joseph Zénon Héria Robillard, l'État ne pouvant ainsi donc officialiser la fiducie comme avec une personne vivante, se résout donc de l'inscrire en tant qu'être humain possédant une âme (et non en tant qu'entité légale) tel que spécifié sur l'original, principalement pour fins de registres publics et de généalogie. Je ne mettrais pas ma main au feu que c'est effectivement ce qui s'est passé, mais connaissant les mentalités des différentes institutions impliquées, je n'en serais pas surpris si c'était effectivement le cas.

Ma deuxième théorie pour expliquer pourquoi le nom n'est pas en majuscule malgré ce que j'ai laissé entendre à ce sujet dans mon dernier article, et qui je crois tient beaucoup plus la route, c'est tout simplement que le titre n'est pas la personne morale elle-même, c'est le transfert de titre qui crée la personne morale, autrement dit c'est l'implication de plusieurs personnes (morales ou physiques) au sein d'une même entité corporative (fiducie) qui crée la personne morale, qui EST la personne morale. Donc, partant de ce principe, la personne désignée par un nom qui n'est pas entièrement en majuscule est bel et bien l'être humain de chair et de sang. Ce n'est pas là que réside le problème, c'est dans le rôle qu'occupe cette personne sur ce certificat qui est déterminant.

Revenons un bref instant sur l'Acte de Naissance. Considérant que si nous étions nés avec la faculté immédiate de penser, parler, lire, écrire et comprendre, nous n'aurions aucun besoin de nos parents pour signer le titre et ainsi en affirmer notre possession avant de l'envoyer en fiducie à l'État en toute connaissance de cause. Maintenant, puisque nous ne disposons pas de ces facultés dès la naissance, ce sont nos parents qui remplissent ce rôle à notre place, et c'est la raison pour laquelle c'est leur signature qui scelle notre propriété et non la nôtre. Mais le principe demeure toujours que celui qui signe le titre en est le propriétaire. En signant un titre qui n'était pas le sien à l'origine, le Directeur de l'état civil ne fait qu'en prendre possession légale à sa charge de fiduciaire, mais ne change en rien la propriété en droit. Il faut porter attention à ce détail.

De retour au Certificat maintenant. Comme je l'ai mentionné en début d'article, celui-ci contient pratiquement toutes les mêmes informations que sur l'Acte de Naissance. Toutes? Non. Un village d'irréductibles Gaul... Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher ce brin d'humour. Toutes, donc? Non, il manque une information cruciale et capitale par rapport à l'Acte de Naissance, et c'est dans cette différence que réside l'essentiel de la rhétorique de la personne morale vs la personne physique, et donc que ces documents ne sont pas aussi "équivalents" qu'ils en ont l'air au premier coup d'oeil. Cette information manquante, ce sont les signatures des parents! Vérifiez, vous verrez! Tout le reste y est, y compris le nom du père et de la mère, mais nulle mention de leur signature... pour la simple et bonne raison qu'ils ne l'ont jamais signé! La seule signature présente sur le document est celle... du Directeur de l'état civil, donc représentant agissant au nom de l'État. Si la signature crée le titre, c'est donc dire que l'État est propriétaire de ce titre (comme ce que j'allègue depuis le début), et confine donc la personne humaine désignée sur ce certificat comme le fiduciaire de ce titre (chose qui n'est pas clairement mentionnée, et pour cause!), et donc l'obligé du propriétaire dudit titre. Finalement, puisque la personne morale est distincte de la personne physique, et que celle-ci (la personne morale) est constituée par le transfert en fiducie et non par le titre lui-même (ou par l'une des personnes identifiées sur le titre), alors j'en déduis que c'est cette personne morale qui porte un nom en lettres majuscules, et non directement l'individu physique désigné sur le certificat, bien que ces deux entités se retrouvent désormais enchaînées l'une à l'autre. C'est, je crois, l'explication la plus plausible et la plus probable car elle respecte et même renforce la logique corporatiste de ce système pour expliquer la raison pour laquelle le nom sur le certificat de naissance n'est pas entièrement en majuscule, contrairement à des affirmations en ce sens de ma part précédemment. D'après ce raisonnement et les autres facteurs observés, on peut en déduire du fait que les pièces d'identité émises par le gouvernement qui comporte le nom en lettres exclusivement majuscules sont en réalité la propriété de la personne morale formée lors de l'échange en fiducie du Certificat de Naissance, personne morale qui est la propriété de l'État et pour laquelle le citoyen accepte à son insu de travailler au profit de celle-ci à titre de fiduciaire, donc sous la pleine et entière autorité de l'État qui détient notre patrimoine financier légal (les droits de propriétés conférés par l'Acte de Naissance) en otage.

J'espère qu'à la lumière de cet exposé, il est maintenant plus clair aux yeux du lecteur en quoi l'Acte de Naissance représente nos droits de propriété sur le territoire et sur les actifs de la nation ainsi que la représentation légale de notre légitimité politique, quelle est la différence fondamentale entre l'Acte de Naissance et le Certificat de Naissance, le rôle fondamental que ces documents jouent dans l'établissement de fiducies auxquelles nous participons à notre insu et de manière non-éclairée, et la distinction claire qu'il faut faire entre la personne physique, l'être humain de chair et de sang, et la personne morale, légale, juridique ou corporative, qui est faite de papier et qui n'est qu'une fiction sans âme, et des conséquences liées à l'identification à l'une ou l'autre de ces deux entités diamétralement opposées; et ultimement à travers ces outils de compréhension rendre le lecteur plus apte à mieux comprendre les tenants et aboutissants des principes expliqués au sein de mon article http://www.vigile.net/Une-comprehension-incomplete-qui.

Adam Richard

P.S. : Pour informations supplémentaires à ce sujet, je vous invite à consulter le vidéo "La Loi, le Gouvernement et Vous".
 
(Mise-à-jour 9 juillet 2016) : Une erreur de terminologie (vocabulaire) s'est glissée dans la démonstration présentée au sein du film "La Loi, le Gouvernement et Vous", sans pour autant remettre en cause les principes généraux qui y sont énoncés.  Les 3 images suivantes présentent les correctifs nécessaires à appliquer aux images originales et à la narration contenues dans le film.  Merci de votre compréhension. A.R.