mardi 19 février 2013

Discussions autour du thème de la Monnaie

Discussions autour du thème de la Monnaie

Extrait d'un article de Richard LeHir intitulé "1962 : Initiation à la politique québécoise" publié sur Vigile.net et de quelques commentaires en réaction à celui-ci autour du thème de la création monétaire.

1962 : Initiation à la politique québécoise
« Ça fait 100 ans qu’on mange de la m..., c’est l’temps qu’on s’engage un bon Cook »
Richard Le Hir
Tribune libre de Vigile
lundi 28 janvier 2013      1693 visites      14 messages

(...)

En fouillant ma mémoire avec l’aide de Google, je suis parvenu à préciser l’année où j’avais ainsi passé une partie de l’été à Saint-Jean-Port-Joli. C’était en 1962, et je m’en souviens parce que Réal Caouette, le chef du Crédit Social (un parti fédéral) au Québec, venait tout juste de réussir l’exploit de faire élire 26 députés, grugeant à la fois sur le Parti Progressiste-Conservateur de John Diefenbaker et sur les Libéraux de Lester B. Pearson.

Les Créditistes avaient remporté le comté de Montmagtny-L’Islet où se trouvait justement Saint-Jean-Port-Joli. Le vainqueur s’appelait Jean-Paul Cook , et il fut défait un an plus tard lors de l’élection générale suivante. À cinq ans du centenaire de la confédération canadienne qui allait être célébré en grandes pompes en 1967 à l’occasion de l’Expo 67, Jean-Paul Cook n’avait rien trouvé de mieux comme slogan électoral que celui-ci : « Ça fait 100 ans qu’on mange de la marde, c’est l’temps qu’on s’engage un bon Cook ». Authentique ! Des choses pareilles, ça ne s’invente pas !

En 1962, Saint-Jean-Port-Joli, c’était très loin de Montréal. Il faut avoir à l’esprit que la 20, aujourd’hui connue sous nom d’« Autoroute-Jean-Lesage », était encore en construction à cette époque-là. Lorsque je raconte à mes enfants que jusqu’en 1959, la route de Drummondville au Pont de Québec sur la Rive-Sud était en gravelle, ils ont peine à me croire et s’imaginent que je les mène en bateau.

C’était loin en distance, et c’était aussi loin dans le temps. Les mentalités étaient moins évoluées qu’à Montréal. La télévision ne se rendait pas encore partout, et le clergé en menait large. Du fait de la renommée et du progressisme des sculpteurs de la famille Bourgault et de la présence estivale de plusieurs membres de la communauté artistique de Montréal, Saint-Jean-Port-Joli attirait déjà à cette époque une importante clientèle touristique, et c’est ce qui avait convaincu Jacques Labrecque de s’y produire en spectacle pendant l’été.

Le jeune montréalais que j’étais (j’avais alors 15 ans) allait y découvrir un Québec que non seulement il ne connaissait pas, mais dont il ne soupçonnait même pas l’existence, et c’est par la politique qu’il allait le faire.
En effet, il faut savoir que le Crédit social au Québec a toujours été un phénomène essentiellement régional et rural, qui n’est jamais parvenu à s’implanter en milieu urbain. En fait, les « gens de la ville » se montraient plutôt condescendants à l’endroit de ces paysans qui adhéraient à des thèses aussi simplistes que celles du Crédit Social. À quinze ans, le réflexe de ricaner est beaucoup plus prompt que celui de chercher à comprendre, et je n’échappais pas à la règle.

Un après-midi que j’errais dans l’atelier-école de Jean-Julien Bourgault entre deux répétitions, j’étais tombé sur la machine qu’il utilisait pour imprimer ses chèques d’entreprise. C’était une vieille « Paymaster » sur le devant de laquelle on faisait glisser des touches pour les arrêter sur les chiffres correspondant au montant du chèque. Lorsque cette étape était franchie, il fallait encore placer un chèque dans la fente prévue à cet effet à l’arrière de la machine, et appuyer sur une manivelle pour l’impression et la perforation en trois couleurs, rouge, bleu et noir.

Le gamin que j’étais était bien impressionné par le caractère officiel que ce procédé conférait à n’importe quel bout de papier. C’est alors que germa dans mon esprit un projet diabolique. J’allais profiter du fait que Réal Caouette avait promis à tous les Canadiens un « dividende social » de 100 $ (pas loin de 10 000 $ en argent d’aujourd’hui) pour imprimer des chèques de 100 $ et chercher à les utiliser pour payer dans les magasins et restaurants.

De ma plus belle écriture, j’avais imité la présentation des billets de banque et inscrit Banque du Cacanada (sic). Puis, à l’endroit où apparaît normalement la signature du gouverneur de la banque, j’avais signé Royal Cacahuète pour me moquer de Réal Caouette.

Et bien vous n’allez pas me croire, mais figurez-vous que j’allais avoir le choc de ma vie (alors bien courte) lorsque je me fis demander à la caisse dans trois ou quatre établissements, « C’tu bon, ça ? ». Et si je n’avais pas éclaté à chaque fois d’un fou rire irrépressible, je serais entré dans la légende à la rubrique « faux-monnayeurs ».

Inquiet de mon succès et mesurant tout à coup la portée de mon mauvais coup, j’avais prestement mis fin à l’opération en priant très fort qu’elle ne vienne pas à l’oreille des autorités.

Richard LeHir
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28 janvier 2013, par Adam Richard 

Ce que je retient le plus de ce billet, c’est l’épisode que vous relatez concernant l’histoire de la fabrication des chèques. Vous avez touché, sans le savoir à l’époque, à l’élément central sur lequel se bâtit la souveraineté de toute nation qui se respecte, la politique monétaire et la création de monnaie, un sujet étrangement tabou au sein de l’establishment souverainiste (Landry, Parizeau, Aussant, etc.). Vous avez également découvert, par accident, que la valeur d’un instrument monétaire est surtout basée sur la confiance d’autrui dans la reconnaissance par autrui de la valeur de cet instrument monétaire ; confiance qui est étonnamment très facile à acquérir, à la lumière de votre expérience, une fois qu’"autrui" possède effectivement entre ses mains un instrument monétaire concret dans lequel il peut effectivement placer sa confiance. Passer de la parole (abstraite) à un objet (réel) contribue pour beaucoup à passer du domaine conceptuel plutôt vague pour le commun des mortels à celui de la réalité concrète qui leur est beaucoup plus familière parce que cette réalité se reflète dans leur vie de tous les jours, et ce même pour un sujet d’apparence rebutant comme celui de la politique monétaire.

C’est pourquoi un projet d’indépendance du Québec qui se veut crédible ne peut se priver d’un projet de banque centrale publique et d’une monnaie propre qui lui seraient associés, comme je l’ai souligné dans certains de mes écrits en rapport au projet Démocratie 2.0 ainsi que de nouvelles voix depuis sur Vigile, dont Pierre Cloutier pour ne nommer que lui.

Les buts de ces outils seraient triple :

- Mettre fin à l’arnaque bancaire privée qui a cours présentement et qui fausse complètement toute la question des finances publiques ;

- Mettre fin à la pauvreté et réduire les inégalités économiques et sociales ;

- Investir dans le développement économique collectif propre à faire avancer les intérêts de la population, au lieu des intérêts de l’oligarchie financière.

C’est donc pour vous remercier d’avoir partagé avec nous cette anecdote ainsi que pour ajouter ma propre contribution au discours public sur ce sujet que j’y vais donc également de ma propre anecdote concernant la monnaie. Elle n’est pas aussi élaborée que la vôtre, et de loin, mais porte tout de même en elle son lot d’enseignements qu’il me fait plaisir de partager ici.

En 2001, suite à une mise-à-pied récente de mon employeur précédent et la perspective peu inspirante de potentiellement être sur le chômage pour une durée indéterminée, j’ai accepté l’offre que m’a faite un employeur localisé à Paris, en France, faite à travers leur bureau montréalais qui venait d’ouvrir. C’est-ce qui fait que j’ai eu l’opportunité d’être en Europe, en France plus précisément comme je l’ai mentionné, pour la période comprenant les 6 derniers mois avant l’utilisation officielle de l’Euro comme monnaie en France et les 3 mois qui ont suivis. C’est donc dire que ce sujet était très d’actualité à l’époque là-bas et que le sujet était traité quotidiennement et en profondeur tant par les journaux, la radio que la télé, dont entre autre une campagne "d’éducation populaire" qui martelait sans cesse le taux de conversion Franc/Euro afin de faciliter la transition vers la nouvelle unité monétaire.

Dans les 6 mois précédant l’entrée en fonction officielle de l’Euro, les prix dans les commerces étaient affichés dans les deux unités monétaires, en Francs et en Euros, même si les transactions à la caisse ne pouvaient s’effectuer qu’en Francs. Cependant, les banques et les institutions financières transigeaient déjà entre elles exclusivement en Euros, la nature de leurs échanges inter-bancaires étant en monnaie scripturale de toute façon. Si je ne me trompe pas, les transactions sur Internet étaient déjà en Euros elles aussi. Cette situation a prévalue telle quelle jusqu’au 31 décembre 2001. L’entrée en vigueur officielle de l’Euro, planifiée pour le 1er janvier 2002, eut bel et bien lieu sans anicroches malgré le fait que le changement s’est déroulé durant le passage de la nuit du Jour de l’An et ce dans un pays qui ne m’est pas apparu comme particulièrement efficace ni productif comparativement à nos standards nord-américains. (NOTE DE L'AUTEUR : Avis au lecteur d'origine française qui aurait pu se sentir froissé par ce dernier commentaire : veuillez noter que je fais ici allusion à des impressions qui découlent elles-même d'apparences, qui comme tout le monde le sait peuvent être trompeuses.  De plus, ces impressions découlent plus de l'observation à travers mon regard de nord-américain des différences culturelles entre le Québec et la France notamment en ce qui a trait au monde du travail, et non sur des statistiques officielles de PIB et de PNB.  Il faut donc comprendre que ce dernier commentaire n'a aucune prétention de "vérité absolue" et repose en grande partie sur des critères subjectifs.  Il est donc recommandé de le prendre avec un grain de sel.)

J’ai moi-même fait le test : je suis allé retirer de l’argent du guichet automatique près d’où j’habitais, dans les environs de 20h le 31 décembre 2001, j’ai reçu des Francs et encore aucun billet en Euro n’était en circulation nulle part. Le lendemain, vers les 10h du matin, le 1er janvier 2002, toujours au même guichet je répète l’expérience et cette fois-ci je reçois effectivement des Euros. Les commerces (du moins ceux qui étaient ouverts le Jour de l’An) étaient également équipés de tiroirs-caisses garnis en Euros, bouclant ainsi la boucle du changement d’unité monétaire. Si mon souvenir est exact (et je concède qu’il ne l’est peut-être pas), les commerces ne tenaient qu’une seule caisse, en Euros, et n’acceptaient plus les Francs qui étaient pourtant encore distribués la veille. Il était encore possible de les écouler en allant dans les banques pour convertir les Francs toujours en circulation en nouveaux Euros, et ce pendant encore environ 6 mois, suite à quoi les Francs non-convertis deviendraient alors nuls et sans-valeurs.

Ce que j’ai appris pour avoir vécu sur place cette expérience somme toute hors du commun, c’est que premièrement la transition d’un système de monnaie vers un nouveau est une chose relativement facile à accepter par la population, particulièrement une fois que la chose devient concrète dans les faits, et ce malgré une résistance initiale. Deuxièmement, la logistique impliquée derrière une telle transition, à l’échelle d’un pays comme la France et d’un continent comme l’Europe, m’est apparue comme une chose relativement simple compte-tenu du fait que la transition finale s’est effectuée sans anicroches durant la nuit d’un congé férié dans un pays où les vacances sont sacrées et qui n’est pas reconnu pour son efficacité organisationnelle, moyennant bien entendue une préparation appropriée au préalable. Il m’apparait donc comme une évidence qu’il est possible d’effectuer quelque chose de comparable à l’échelle du Québec au niveau technique et logistique, tant par notre taille réduite en terme de population que par notre savoir-faire collectif.

Le site kebek2point0.org que j’ai lancé dans le cadre du projet de Démocratie 2.0, en plus des composantes d’organisation de la vie démocratique qu’il contient, porte en son sein les mécanismes internes d’une banque centrale : établissement d’une monnaie propre et souveraine, émission de monnaie sur des comptes scripturaux, capacité de transfert de fonds d’un compte à l’autre entre les différents clients de la banque, dépôt et conversion de devises étrangères (dont le dollar canadien), établissement du taux de change, accumulation de devises étrangères pour fins de commerce extérieur, et ce par la voie de services en-ligne. Cet ensemble fournit des outils d’organisation et de services bancaires et financiers propres à mettre en place de manière informelle une nouvelle monnaie québécoise d’une manière similaire à la situation qui prévalait dans le domaine des affaires et et le monde inter-bancaire dans les mois précédant le 1er janvier 2002.

Pour en arriver à la concrétisation dans le réel d’une telle monnaie québécoise, que manque-t-il ? Très peu de choses au fond... Les planches graphiques de chaque dénomination de billet, un imprimeur officiel, idem pour les pièces de monnaie, et finalement un réseau de distribution sur le terrain couvrant l’ensemble du territoire. Ne manque plus qu’un seul ingrédient, la confiance, qui découle directement du taux d’acceptation et d’utilisation de cette monnaie au sein de la population. Finalement, je verrais plus un scénario d’introduction de cette nouvelle devise monétaire qui s’inspire du modèle Suisse, qui comporte deux unités monétaires sur le même territoire (une monnaie interne et une monnaie internationale, le dollar canadien actuel jouant ce second rôle) et qui favorise une intégration progressive, plutôt qu’un scénario "à l’européenne" qui impose une monnaie unique tel que décrit plus haut.

En démontrant les bénéfices financiers d’utiliser cette monnaie vs le dollar canadien, associée à une gestion démocratique directe délimitée par les termes d’une constitution rédigée et signée par chaque constituant sur la base du consentement éclairé, nous aurions les prémisses d’un nouvel état-nation centré sur le peuple, capable déjà de mettre en place des politiques souveraines indépendantes de l’Assemblée Nationale et de la Chambre des Communes qui favorisent le bien public et le gain financier associé à l’utilisation de cette monnaie, et ce dans des délais relativement rapides, comme par exemple de financer la conversion de voitures à essence en voitures électriques (avantage économique et écologique favorisant l’arrêt de la dépendance au pétrole), conversions présentement rendues impossibles par la SAAQ (http://www.journaldemontreal.com/20...) ; ou encore de financer des politiques favorisant la souveraineté alimentaire, etc. Bref, des politiques propres à inciter encore plus de gens à joindre ce nouvel état-nation et de bénéficier des avantages qui y seront associés, jusqu’à éventuellement être en mesure de prendre légitimement contrôle de la fonction publique actuelle dans les missions critiques de l’état (santé, éducation).

L’une des meilleures façon pour les Québécois de sortir le Canada du Québec consiste pour eux par commencer à sortir les dollars canadiens de leurs poches et de les remplacer par leurs propres piastres québécoises. Chose qui ne serait pas si difficile à faire accepter à une majorité de la population au vu de l’anecdote relatée dans votre article.

Adam Richard
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29 janvier 2013, par Francis Déry 

La valeur d’une monnaie, c’est sa crédibilité.

Au moment d’une transaction, c’est la foi du vendeur qui importe. Et généralement les vendeurs vérifie peu ou prou les billets. Un billet est un support matériel contenant un format d’informations graphiques et textuelle. Il faut vérifier la texture du billet et l’ensemble des détails du graphisme pour attester l’authenticité du billet. Le principe d’une monnaie doit être son faible coût de l’émission, et un coût dissuasif pour la reproduction non-autorisée (dans votre cas, l’acquisition de la technologie "paymaster").

Et la crédibilité sous-jacente d’une monnaie repose sur celle de l’émetteur. Dans ce cas-ci, vous êtes votre propre émetteur. L’économie est une forme de religion puisqu’elle requière de la foi, un credo, des rites sous forme de protocoles pour les échanges, et des temples que sont les banques. Dieu Tout-Puissant étant la Banque Centrale. Le système légal aussi repose sur la foi en une autorité qui dicte les lois.

Koubilaï Khan, petit-fils de Temüdjin (Gengis Khan), était le puissant empereur de la dynastie Yuan qui unifiait la Chine, le Thibet, la Mongolie, la Corée, le Turkestan Oriental et le sud de la Sibérie oriental. Son empire ne contrôlait plus ses dépenses d’état, en particulier pour ses deux invasions du Japon. Alors, l’empereur a édicté de la monnaie certifiée sous forme de billets impériaux de grandes valeurs. Qui refusait d’honorer ces billets était passible de la peine de mort. L’hyperinflation a suivi et la foi est tombée. Avec la chute de la foi envers la monnaie, ce fut la chute de la foi envers l’autorité suprême. La dynastie Yuan s’est écroulée à la suite des révoltes populaires et le Mandat du Ciel est passé à la dynastie Ming.

Lors de mon séjour en Chine Populaire en 1994, j’ai réalisé que les médaillons certifiant des agents d’autorités sur la rue ressemblaient à des breloques de pacotille. L’illusion est créatrice d’autorité. Dans l’esprit communiste, il y a la réalité tangible du matériel. Le reste est une construction d’illusions à combattre ou à maintenir. D’accord, il y a des points qui semblent inspirés du Bouddhisme. C’est sans doute l’origine du Communisme dans l’Illuminisme qui explique les points communs. La Chine Populaire avait récemment aboli un système bimonétaire avec le renminbi comme argent du Peuple, interdit de possession par les étrangers, et une monnaie pour ces étrangers (FEC:Foreign Exchange Currency) qui pouvaient se fournir dans les magasins d’amitiés. Les étrangers pouvaient obtenir de meilleurs produits inaccessibles au commun des Chinois. Ces billets étaient donc prisés par les Chinois qui disposaient de bons contacts dans les magasins d’amitié. Le dollar américain était interdit, tout comme les autres monnaies étrangères.
Je pensais rencontrer ce système lors de mon séjour, alors qu’il était aboli. Je lisais des avertissements dans mon guide que des Chinois postés aux gares ou à l’entrée de certains lieux publics nous vendaient des renminbi contre des dollars américains et qu’il y avait beaucoup de fausse monnaie en circulation. Une précaution de base est d’examiner la monnaie remise par les vendeurs en magasin. Eux, ils ne se gênent pas pour vérifier. Mais comment vérifier ? Même les renminbi officiels comportaient des irrégularités tel un léger mauvais cadrage du graphisme.

Qui peut émettre de la fausse monnaie en Chine ? On peut penser à des réseaux à la solde de Taïwan qui cherchent à déstabiliser la République Populaire, ou simplement à des triades peu patriotiques, même si ces triades sont officiellement interdites.

Ma fiancée s’était déjà fait avoir sur le reste de sa monnaie retournée par un chauffeur de taxi. La Chine étant son pays, comment pourrais-je être plus averti qu’elle ? J’étais arrivé avec une poignée de dollars américains et un carnet de chèques de voyage utilisant le numéraire USD. (C’est à ce moment que j’ai appris la sous-jacence du USD dans les systèmes monétaires acceptés mondialement)

Je ne possédais alors aucune carte de crédit. La monnaie était ma forme de paiement usuel, hormis de rare chèques pour des investissements ou paiement de frais d’université.

Ces chèques de voyage, je passais les changer au comptoir de la Banque de Chine de Pékin où je pouvais trouver un commis parlant anglais. Rien de moins officiel pour obtenir de la vraie monnaie officielle.  Cependant, le coût d’échange était relativement élevé. J’ai alors conclu un marché avec ma fiancée pour éviter d’utiliser le reste de mes chèques de voyage : elle me prêtait une somme rondelette de renminbi, et à mon retour au Canada, j’investissais l’équivalent de cette somme dans un CPG en son nom. Promesse remplie, j’ai utilisé son matricule NAS de résidente temporaire pour l’opération.

Par la suite, je me suis méfié des investissements en Chine Populaires après avoir observé fraudes et corruption. Je me sentais plus rassuré dans le "Monde Libre" où probité et honnêteté signifient quelque chose de tangible. Mais j’étais encore sous la coupe des illusions. L’Asie a connu une crise de confiance en 1997, mais elle s’est renforcée. Tandis que l’Amérique connaissait son sommet jusqu’en 2001...

Pour qu’un projet de pays soit crédible, il faut un projet d’économie forte qui ne repose pas sur des suppositions ou des promesses d’ivrogne. La Monnaie doit être contrôlée par l’État et fondée sur du tangible, et non sur l’autorité de la Loi.

Le Crédit Social a peut-être simplifié la vision de la monnaie, mais il a mis l’exergue sur celle-ci. Ce qui est important pour éduquer le peuple. Tandis que nos systèmes monétaires et financiers superposés sur le USD depuis les accords de Bretton-Wood, se sont complexifiés pour occulter la fragilité sous-jacente de la monnaie américaine et du système bancaire international. (Les échanges monétaires se sont peut-être simplifiés avec les accords sur l’Euro, mais les règles de ces accords n’ont pas tous été respectées, sans doute parce qu’infaisable).

Pour être indépendant, il faudra assumer un contrôle sur les transactions individuelles à fin de circonscrire les échanges économiques dans le cadre national pour pérenniser l’économie nationale. C’est liberticide. C’est même fasciste comme diraient certaines personnes. Je répond alors que les lois linguistiques sont aussi liberticides. Tout comme les lois pour régir les habillements respectant la laïcité. Il y a bien sûr du chauvinisme dans ce que j’écris.

Est-ce que l’émission d’une espèce monétaire est garante de notre souveraineté ? Non, parce que la possibilité de fausser l’espèce érode la crédibilité de cette monnaie. Une monnaie électronique qui relie directement à une banque d’état via un serveur pleinement certifié, peut assurer la crédibilité d’un échange économique. La foi du vendeur repose sur la crédibilité du serveur. Là, on entre dans le domaine de la sécurité informatique. On y est déjà via les paiements par cartes de crédits ou de débits. Et ce sont les banques qui gouvernent nos échanges. Pas l’État.

Pourquoi l’État doit se mêler de transactions personnelles ? Belle question. Il faudrait la poser à Brian Mulroney qui nous a servi la TPS pour dix ans à fin de lutter contre un déficit structurel. Cette taxe s’est pérennisée depuis. Aussi, de nombreux pans de l’économie ont glissé dans le secteur informel. Si le marchand est honnête, il vous propose de payer comptant sans facture pour oublier la TPS. Le produit vendu fera partie des pertes et vols. S’il est malhonnête, il prend votre comptant sans facture tout en vous chargeant la TPS. Ou encore la plupart des factures sont inutiles pour le consommateur, alors le marchand ne les rapporte pas. Jadis, je fréquentais beaucoup les restaurants à Vancouver et à Toronto. combien de clients se font réchauffer un café ou font remplir gratuitement leur verre de boisson douce chez MacDonald ? Ajouter un sous et obtenez votre deuxième pantalon gratuit. Les spéciaux permettent de jouer avec les chiffres.

Des vertes et pas mûres, on pouvait en voir. Au Québec, les restaurateurs utilisaient le logiciel gamma pour faire de la double comptabilité. Je me suis imposer la règle de tout payer avec une carte de crédit pour créer des traces de papier sur mes échanges. Évidemment, la drogue et la prostitution n’accepte pas les cartes de crédit ou de débit.

Ni les scalpeurs du Centre Bell. Pourtant tous ces marchands de services ou produits illégaux devraient vous charger la TPS et la TVQ.

Les puissances financières et la Mafia donnent beaucoup au Parti Libéral (ou à d’autres parti). Rien à voir en terme de taille avec les contributions vraiment individuelles. Bref, des partis mammouths nous gouvernent et leurs finances reposent sur des organisations exploitant les failles du système financier ou sur le blanchiment. Je m’étais déjà posé la question si un parti souverainiste devrait émettre de la fausse monnaie pour arriver au même niveau que ces gros partis défendant la ploutocratie. L’origine de la réflexion étant mon séjour en Chine Populaire.

Francis Déry
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29 janvier 2013, par François A. Lachapelle 

Je paraphrase le titre de Richard Le Hir : 1979-1980 : initiation à la politique monétaire québécoise. Et je renvois le lecteur au livre de Jane Jacobs édité en traduction française chez VLB ÉDITEUR, 2012, titre : LA QUESTION DU SÉPARATISME. Ce livre est maintenant disponible en français après une longue attente grâce à la détermination d’un grand Québécois, Robin Philpot.

Je crois que ce livre, écrit en 1979 par Jane Jacobs vivant à Toronto, est d’une brûlante actualité. Le sujet du livre porte sur le projet de souveraineté du Québec et sur la compréhension qu’en avait René Lévesque. Pour se familiariser avec la pensée de René Lévesque, Jane Jacobs a lu la traduction anglaise du livre de René Lévesque, interviewé par un français, Jean-Robert Leselbaun, intitulé : LA PASSION DU QUÉBEC aux Édi. Québec Amérique, 1978.

Les titres des chapitres du livre de Jane JACOBS sont : Montréal et Toronto, la séparation de la Norvège et de la Suède, la taille des pays et leur développement économique, les paradoxes de la taille, dualité et fédéralisme, la souveraineté-association : les liaisons et la souveraineté-association : l’indépendance.

Tout cela pour arriver au fait que René Lévesque était contre la création d’une monnaie du Québec avec sa
Banque centrale en cas d’indépendance politique. Jane Jacobs était en désaccord avec cette position de René Lévesque. Pour contrôler son économie, un pays doit avoir sa monnaie et sa Banque centrale. Je sais que ce débat n’est pas fermé surtout quand on regarde l’union européenne et la monnaie commune, ce qui ne se fait pas sans problème.

Réal Caouette avait une intuition au sujet de l’utilisation de la planche à billets et son rôle dans l’économie. Il y aurait à découper le rôle de chacun dans l’harmonisation des politiques d’une Banque centrale, le rôle des Banques à charte et le contrôle du crédit et des taux d’intérêts, tout cela influençant les masses monétaires en circulation et le contrôle de l’inflation et du taux de change de la devise. Toute cette plomberie est possible.
Le message que je retiens de Réal Caouette et qui je crois demeure un projet valable pour les Québécois : sortir l’économie (micro-macro) des alcôves des spécialistes et vulgariser cette plomberie pour rendre le consommateur plus responsable et plus libre. Vaste projet comme dirait le Général De Gaulle.

François A. Lachapelle

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